Retour dans les années 50. La RTF, qui a du donner la préférence à la reconstruction de ses réseaux radio démantelés pendant la guerre (le grand centre Ondes Longues d'Allouis vient tout juste d'être reconstruit, après 14 ans de silence), cherche à couvrir le plus de population avec le moins d'émetteurs possibles. Après Paris, c'est donc tout logiquement Lille, Lyon et Marseille qui auront la priorité. Lyon avant Marseille, tout simplement parce que la liaison hertzienne les rejoindra progressivement l'une après l'autre... Liaison dont le maillon lyonnais est la tour hertzienne du Mont-Cindre, dans la banlieue de Saint-Cyr au Mont d'Or :
La Tour hertzienne du Mont-Cindre, avec l'habituel logement voisin pour le personnel, relaie les signaux de Paris vers Fourvière puis plus tard, au Mont-Pilat et à Grenoble
L'épisode alsacien étant réglé, la RTF cherche comment couvrir cette agglomération lyonnaise le mieux possible, alors qu'elle est encaissée dans une sorte de cuvette dominée par plusieurs collines... les Monts du Lyonnais.
Les techniciens font divers essais depuis les points hauts de la ville, mais aussi dans les environs avec pour but de couvrir toute la vallée du Rhône jusqu'à Marseille à partir d'un émetteur de grande puissance. Le choix, pour cet émetteur, se porte assez rapidement sur le Mont-Pilat, au sud de Saint-Etienne. Des essais réalisés avec les techniques habituelles de l'époque (une antenne accrochée à un ballon), permettent des réceptions jusque dans les Alpes, au-dessus de Grenoble !
Le Mont Pilat en 1955 avant la construction de l'émetteur. Le bâtiment en bois, visible au-dessus du restaurant, abrite les techniciens de la RTF et leurs matériels de mesures.
Par contre, les émissions du Mont-Pilat ne pourront pas être captées dans toute l'agglomération lyonnaise, il faut un relais local de faible puissance pour arroser les zones d'ombre de la ville... En fait, c'est ce petit émetteur qui sera mis le premier en service. et la RTF n'aura même pas à construire un pylône car la propriétaire de la Tour de Fourvière s'en dessaisit et la Ville est trop heureuse d'y accueillir "la Télévision"... qui débute ses émissions le 15 octobre 1954.
Comme pour Lille et Strasbourg, un petit studio est installé en ville, qui permet d'offrir, en dehors du programme national, des émissions locales et bientôt régionales, lorsque le puissant émetteur du Mont-Pilat sera mis en service.
Dans l'immédiat, Fourvière émet, comme Strasbourg, sur le canal 5 en polarisation horizontale, mais avec seulement 100 Watts de puissance crête-image (contre 3 kW à Strasbourg). sa réception se limite à l'agglomération lyonnaise.
Pour éviter aux bouillants Marseillais de faire une crise de jalousie, mais sûrement aussi pour contrer la réception, dans les quartiers hauts de Marseille, de Télé-Monte-Carlo qui émet seule depuis quelques mois dans toute la région, la construction d'un émetteur provençal est jugée prioritaire par la RTF par rapport à celui de la Vallée du Rhône. Il sera mis en service dès le 1er décembre 1954 sur le Massif de l'Etoile... et fera l'objet d'un historique plus détaillé dans la prochaine étape de ce Tour de France des émetteurs TV.
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