En fait, selon les éditions de 1955 et de 1956 du WRTH (voir ci-dessous), il semblerait que tous deux ont commencé à fonctionner en même temps. Toutefois, d'autres arguments venant d'Allemagne et que je développe ci-dessous, viennent contredire cette information :
Jusqu'au 31 décembre 1956, par décision de l'ONU, la Sarre était sous mandat français jusqu'à ce qu'un référendum décide de son avenir par rapport à l'Allemagne.
Des investisseurs français en profitèrent pour lancer la radio Europe n°1, concurrente de Radio-Luxembourg (RTL) et Télé-Saar qui devait en faire autant envers Télé-Luxembourg.
Mais les moyens techniques de Télé-Saar étaient dérisoires (un émetteur de 100 Watts sur le canal F7-V) et en plus elle émettait en allemand, langue officielle de la Sarre. Elle n'émit que quelques mois sur le canal F2-V avec un émetteur de 3 kW. Et ce, seulement en 1958, ce qui met en cause l'information publiée par le WRTH et infirme l'hypothèse d'une réception de cet émetteur à Genève fin 1953 à mars 1954 (date de publication de ce Science et Vie HS "La Télévision").
Le retour de la Sarre dans le giron allemand impliquait la fin de Télé-Saar en 819 lignes et son remplacement par la chaîne nationale ARD en 625 lignes : un émetteur de 100 kW de PAR sur le canal E2-V fut installé dans les hauteurs du bourg de Gottelborn en 1958. Les équipements 819 lignes furent remplacés en studios comme à l'émission par du 625 lignes norme B et la station rejoignit à terme l'ARD après contestation de la part des actionnaires (en déconfiture) de Télé-Saar qui avait perdu beaucoup d'argent. Mais la loi allemande interdisait (comme en France) toute TV privée sur son sol. Europe 1 ne dut son salut que grâce aux très importantes recettes publicitaires qui finirent par s'accumuler après, elle aussi, bien des déboires pour trouver une longueur d'onde à ses débuts.
Tous les détails sur ces divers émetteurs et canaux sont dans ce tableau (mal traduit de l'allemand par l'informatique) dans une page consacrée à l'histoire de Télé-Saar et d'Europe 1(voir ici), qu'il faut traduire d'allemand en français avec votre navigateur :
Le canal E2 en Sarre et à Bantiger en 1954 et 1955 (les éditions du WRTH publient les infos obtenues l'année précédente) :
Hormis Paris 441 lignes, avant mars 1954 (date de publication de la photo), il n'y avait donc aucun émetteur d'une certaine puissance en bande I verticale susceptible d'être reçu en longue distance. Je pense vraiment que cette installation d'antenne était celle d'un amateur chevronné, qui possédait sans doute deux récepteurs : un en 441 lignes et un autre en 625 lignes norme B... en attendant d'en acquérir un en 819 lignes le moment venu.
La carte ci-dessous montre le peu de différence de distance entre Genève et Vichy où, rappelons-le, la RTF savait avoir un téléspectateur la captant régulièrement en 441 lignes. Pour mémoire également, la distance approximative avec la station radar britannique qui captait avec régularité la Tour Eiffel pendant la guerre :
Et pour conclure en revenant dans le sujet de ce fil de discussion cher à Cricri, les antennes drôles ou hors normes, cette photo dans la page consacrée à Télé-Saar évoquée plus haut, avec son commentaire dont j'ai remanié la traduction automatique :
"Ces antennes semblables à un bricolage aventureux ont aidé les quelques mordus de télévision dans les premiers jours de ce nouveau média pour recevoir une image raisonnablement regardable. Ces deux mâts en acier de 21 m de haut en porte à faux ont été montés dans le village d'Ensheim sur la maison du directeur de la société Sarre Röhrenwerke de Baumbach. Elles ont été construites en 1953 pour recevoir la station du Feldberg dans le Taunus sur le canal E8-h L'antenne était formée de 64 aériens; elle a été conçue et construite par le technicien de télévision bien connu Werner Rummel (SBR.), assisté de Ernst Grande (de St. Ingbert) et de Günther Krauss (de Güdingen)."
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