À Thiers, petite commune du Puy-de-Dôme, l’année scolaire se termine. Tandis que Patrick, qui vit seul avec son père handicapé, s’entiche de la mère d’un camarade, en classe, Bruno refuse de réciter un texte en y mettant l’intonation nécessaire et Sylvie, privée d’une sortie au restaurant avec ses parents, s’empare d’un mégaphone pour demander de la nourriture à ses voisins. Julien, un nouvel élève considéré par le directeur de l’école comme un "cas social", évolue dans cet univers fait de joies et de petits tracas. Malheureusement, son quotidien est beaucoup plus sombre que celui de ses amis.
Madeleine de Proust
Avec L’argent de poche, François Truffaut continue d’explorer l’enfance, l'un de ses thèmes de prédilection, dix-sept ans après Les quatre cents coups et sept ans après L’enfant sauvage. Il l’aborde cette fois-ci de manière plus tendre, sous la forme d’un patchwork de vies emplies de rires, de découvertes, de premières amours et aussi de peines. Mais avec Julien, l'enfant maltraité, et d'autres épisodes moins tragiques, le film convoque les échos de l'enfance malheureuse du cinéaste, rejeté par sa mère dès son plus jeune âge. On retient l’émouvant discours de l’instituteur (Jean-François Stévenin), qui, face à ses élèves, devient le porte-voix de Truffaut le temps d’un plaidoyer pour les droits des enfants. Mais L’argent de poche constitue avant tout une douce plongée dans le quotidien d’écoliers de province, interprétés par un casting d’acteurs non-professionnels recrutés dans les rues de Thiers, dont la spontanéité contribue à faire de ce film une véritable madeleine de Proust.
Film de François Truffaut (France, 1976, 1h40mn) - Scénario : François Truffaut, Suzanne Schiffman - Avec : Jean-François Stévenin, Chantal Mercier, Georges Desmouceaux, Philippe Goldmann - Production : Les Films du Carrosse, Les Artistes associés
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