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Mode arborescent

  1. #19
    1974 allait profiter de nouveaux tubes cathodiques PIL (Precision In Line) qui perdureront jusqu’à la fin des tubes. Il remplaçait cette année en Europe, le tube In Line dont il était directement dérivé, à commencer par les petites tailles d’écran en 51 et 42 cm 90°. Les versions 110° en 56 et 67 cm apparaissent dès 1975 avec le CAB10 "grille-pain" à thyristors chez Thomson Brandt entre autres. Les trois électrodes de Wehnelt et les trois G2 étaient désormais chacune électriquement communes à leur groupe respectif, et le débit des canons (disposés de gauche à droite : bleu, vert, rouge) se réglait par les amplis finaux. Les réglages annexes de pureté et de convergence statiques et dynamiques étaient définitivement effectués en usine via une multitude d’aimants autour du déflecteur. Exit les réglages rébarbatifs des convergences même s’ils étaient déjà simplifiés sur le In Line. Le déviateur autoconvergent était collé sur son tube. Au moindre problème, il fallait changer l’ensemble. Seule la démagnétisation était encore de mise, un moindre mal. En résumé, un tube PILétait un tube In Line dont la mise au point était faite une fois pour toutes en usine. Philips venait de sortir son TVC 5 entièrement transistorisé. Thomson proposera son CAD8 à tube PIL 110° dès 1978, de nouveau à lampes avec les incontournables EL 519 et EY 500, afin de faire oublier au plus vite le CAB10 calamiteux à thyristors. Ma sœur possédait ce châssis à tubes que je m'appropriais souvent pour regarder RTL sur le canal 21 "en couleur", ce qui à l’époque, était captivant pour moi à tout juste 14 ans. Avant qu’un pilote de chasse belge décède en percutant l’émetteur de Dudelange le 31 juillet 1981, tuant le couple vivant sur place. Je n’avais droit en ce temps-là, qu’à l’anémique TV Visseaux noir et blanc de mon paternel!!!

    1974. Philips proposait son tube 20 AX qui s’inspirait directement des premiers PIL.
    Il marchait dans les traces des premiers PIL avec quelques améliorations. Les nouveaux tubes 51, 56 et 66 cm 110° héritaient d’une profondeur moindre. Le déflecteur en selle devenait interchangeable et sa mobilité permettait de régler l’horizontalité de l’image et réaliser le réglage de pureté. Les aimants rotatifs permanents étaient toujours présents sur le col du tube et scellés en usine. Ce type de tube fut amélioré petit à petit, apportant jusqu’à 70 % de brillance en plussans perte de contrastepar une meilleure transparence du masque et de la dalle (30% de mieux chacune). Sans oublier une meilleure protection contre les flashs internes (mini-arc) et un chauffage rapide des filaments. Les canons à électrons étaient disposés de gauche à droite: bleu, vert, rouge.

    1982. Les tubes 30 AX (Philips) encore appelés A 540 X, apparaissaient.
    Ils apportaient un contraste accru de 30 % par rapport à l’ancienne génération grâce à l’emploi de luminophores filtrants. Le déflecteur, plus sensible à faible distorsion est/ouest et offrant des lignes horizontales rectilignes, demeurait interchangeable facilement grâce à trois bossages correspondant aux points de référence situés à l’intérieur du déviateur. Le contour du masque suivait les formes de la dalle pour devenir linéaire, afin d’améliorer les bords de l’image et d’éviter ainsi le décalage en escalier constaté sur les anciens tubes. Les réglages à effectuer (pureté, convergences statiques et dynamiques, orientation de l’image) étaient totalement supprimés. Les canons de nouvelle génération apportaient une meilleure finesse et une uniformisation de la concentration sur tout l’écran, avec une tension de focalisation en hausse de 28 %. Tout cela était rendu possible grâce à la réduction des tolérances. Le constructeur allait même jusqu'à déposer, sur les zones externes non graphitées du cône du tube, un revêtement de très forte résistivité, dans le but de supprimer le phénomène de crépitement lié aux variations du contenu de l’image par temps sec, qui générait de petites décharges en surface sur le cône du tube.

    1984. Grundig France commercialisait ses premiers TV à écran FST.
    Le PILallait évoluer dans le milieu des années 80 en écran plat et coins carrés FST (Flat Square Tube). Il fallut attendre fin 1984 pour voir Grundig France proposer ses premiers modèles avec tubes cathodiques (A66 EAK00X01) Philips en 70 cm (existait aussi en 63 cm) avec une commande spécifique de la correction est / ouest via l’incontournable TDA 8145. Sans oublier les nouveaux 55 et 40 cm à la dalle de verre quasi plate. La qualité d’image n’était pas vraiment améliorée pour autant...

    1986. Toshiba proposait des tubes en 82 et 95 cm 4/3.
    Toshiba, qui sera l’un des pionniers dans cette catégorie de tubes cathodiques, commercialisait des 82 (plus tard en 84 cm) et 92 cm que Grundig exploitera dès cette fin d’année via le Baby Jumbo (84 cm) et le Jumbo (95 cm). Ce dernier était tellement lourd, qu’il fallait être 4 (principe de la chaise à porteurs) pour le déplacer grâce à deux barres à insérer dans les colonnes des haut-parleurs. Heureusement, le tube monstrueux pouvait rester chez le client en cas de panne. Il suffisait d’adapter son châssis sur un tube 70cm par l’intermédiaire d’un kit pour le dépanner, ouf! Ces tubes étaient tellement pustulés d’aimants de correction fixés par de l’adhésif que ce bricolage en devenait risible. D’autres marques allaient suivre comme Panasonic, Vidéocolor (Thomson), Mitsubishi, Philips, mais plus spécifiquement en 82 ou 84 cm. Le manque criant de matière première (principalement de sable) empêcha Toshiba de fournir ses clients plus d’une fois, en fin d’année.

    1987.Tube Super Planar (SP) Thomson 110°.
    Quant au tube Super Planar 72cm 110° (A68EAU00X01) de chez Thomson notamment du TV 72XP01, jamais monté chez Grundig, je n'en parlerai que très peu n'étant pas assez documenté. Sans regret, je ne l’ai jamais trouvé génial avec sa géométrie horizontale douteuse. Sa particularité était d’avoir le milieu concave au lieu de convexe, c’est-à-dire légèrement bombé dans l’autre sens donnant l’illusion d’un écran plat qui l’était en fait sur 80% de sa surface et traité antireflet ! Il avait besoin d’un module de corrections NS 5000 M d’ailes de mouettes à la stature verticale impressionnante greffé sur son châssis ICC5 pour compenser un défaut de coussin Nord Sud de 8%. La correction de distorsion se faisait à 3 niveaux par potentiomètres et selfs afin d’obtenir des lignes horizontales en haut, au centre et en bas de l’écran. Ce type de tube évoluera en Black King Planar sur les TV HCR9000, 72DO90 et 70DO91 "numéric systèm" de 1992 avec une dalle de verre encore plus plate et plus sombre.

    1990. Les masques Invar et Black Matrix faisaient leur apparition dans les tubes cathodiques haut de gamme.
    Grundig France exploitait les nouveaux tubes Philips à masque Invar (55, 63 et 70cm 110°) pour enfin éviter les tâches de pureté créées par échauffement lors d’une zone blanche à fort contraste. Je rappelle que le châssis Grundig CUC 6360 en avait énormément souffert avec ses écrans 70 cm basiques. Black Matrix (63 et 70 cm) signifiait que le masque en Invar était noir et qu’il diminuait la réflexion de la lumière. Le contraste s’en trouvait amélioré. Chez Grundig, Black Matrix fut rebaptisé Black Line. On allait même voir par la suite des dalles teintées.

    1991. Le format 16/9 voyait le jour en France.
    Thomson fut le leader dans ce domaine dès 1991 avec son Space System en HDTV soit 1250 lignes balayées en 32us alors qu’aucune norme n’était précisée à l’époque. Le 16/9 s’était adapté au format cinémascope des salles obscures à la "vas-y que je te pousse" sans vraiment le respecter. Je rappelle que les films projetés ont un ratio de 21/9 en très grande majorité. Les tubes 4/3 étaient quand même plus respectueux des vieux films en noir et blanc. Cette technologie allait ressusciter le double réglage de focus dont on se croyait débarrassé. Tout comme la "décédée" correction Nord /Sud. Tout ça pour nous pondre des formats de l’utile aux fantaisistes, surtout avec sous-titres. On sentait bien le vent arriver du côté du D2MAC que Grundig allait oser commercialiser dès 1992 en France avec un tube Philips de 106° à masque Invar graphite et dalle de verre plus sombre pour un meilleur contraste et canons Polygon. Rien que d’y repenser, j’ai les cheveux qui poussent!!! Le Pal Plus germanique incitait les 2 usines Grundig allemandes et celle d’Autriche, à développer quelques 16/9. D'ailleurs, un signal standardisé européen était à l’étude par l’UER afin de générer une impulsion de référence pour la suppression des échos. Cette information devait transiter sur la ligne 318 du blanking trame. Je n’ai jamais su si ça c’était réalisé…. J’ai vu passer un monstrueux 16/9 en 92 cm à la panne erratique à rentrer d’office en atelier avec ses 83 kg dans la série Lenaro de chez Grundig France. Il fallait se le trimballer le bestiau. Même à plusieurs, mes vertèbres L4 et L5 s’en souviennent encore. Aucun ne s’était distingué pour sa finesse d’image, toutes technologies confondues. Ils n’arriveront jamais à la cheville des futurs 72cm 50 Hz 4/3 cités à la suite. Je ne m’étendrai donc pas plus sur le sujet.

    1993. La dernière évolution majeure des tubes couleur venait des 72cm 4/3.
    Les célèbres nouveaux écrans 4/3 de 72 cm et 110° de Toshiba puis de Philips, reconnus pour leur excellente qualité d’image, avaient marqué la dernière innovation notable des fabricants avant la disparition des tubes cathodiques. Ces téléviseurs présentaient une conception entièrement repensée, offrant un niveau de technicité, de qualité, et surtout de fiabilité inégalée pour le grand public. Ce progrès spectaculaire se traduisait non seulement par la planéité de l'écran, mais aussi par une image restituant un noir naturel, un rouge d’une redoutable efficacité, une brillance et un contraste éclatants. Sans oublier une longévité des canons estimée chez Toshiba à cinq fois celle d’un tube traditionnel.

    L’usine de Dreux n’était pas en reste, proposant des cathodes imprégnées avec une durée de vie minimale de 20 000 heures de fonctionnement, soit plus de 13 ans de tranquillité à raison de 4 heures par jour. Les deux éternels rivaux allaient se livrer bataille sur ce marché en proposant chacun des tubes irréprochables. Toshiba continuait d’exploiter son procédé de focus dynamique, avec un premier au centre et un second vers les bords extérieurs de l’écran. Ce type de tube (A68 KZN 696 X01), utilisé notamment sur les téléviseurs Grundig M72-795/9TOP et 72ST1772/9 TOP, nécessitait une gestion électronique spécifique.

    Philips, quant à lui, avait déjà utilisé cette technologie en 1972 sur les TVC5 à tube Delta. Un câble blindé acheminait la tension de focus au circuit intégré du tube, et le blindage était relié au balayage horizontal (effet capacitif) pour améliorer la netteté sur les bords est et ouest de l’écran. En 1993, Philips Composants proposa sa version "Super Flat", "Black Line Style" de 72 cm (A68 ESF 002 X11), cette fois sans focus dynamique, mais avec une correction Nord/Sud par module non réglable câblé sur le déviateur. Cette version fut utilisée sur les téléviseurs Grundig ST72-761/9TOP et SYDNEY 72ST1772/9 TOP, entre autres. Cette correction, également appelée "ailes de mouette", fut rapidement intégrée au déflecteur quelques années plus tard (A68 ESF 202 X11).

    Vous trouverez ci-dessous les détails de la conception d’un tube Philips Composants Black Line Style, extraits d’un article du N°1820 du magazine Le Haut-Parleur après sa visite de l’usine de Dreux à l’époque.
    • Planéité de l'écran.
    L'un des atouts de ces nouveaux écrans était la réduction significative de leur courbure, permettant ainsi de s'approcher d'une surface presque plane, améliorant la qualité de l'image. Cependant, cette avancée se traduisait par un surcroît de poids de 5,5 kg, nécessitant un renforcement de l'épaisseur du verre pour maintenir une résistance mécanique adéquate.
    • Amélioration des couleurs et dynamique accrue.
    Le tube Black Line Style introduisait également un nouveau phosphore rouge, fruit de recherches approfondies sur les terres rares, visant à améliorer la reproduction des teintes "chair" et la fidélité des couleurs, un critère essentiel pour la qualité visuelle. De plus, la dynamique de l'image était renforcée grâce à l'utilisation de cathodes à chauffage rapide et à faible consommation, imprégnées de tungstène poreux, d'oxyde de baryum, d'aluminium et de calcium, permettant une réponse rapide et une grande densité de courant (10 A/cm²). En fonctionnement, la réaction des oxydes avec le tungstène produisait du baryum pur qui migrait continuellement vers la surface émettrice. Cela assurait une longévité accrue et une performance constante, avec un débit garanti à 100 % pendant, je le répète, 20 000 heures de fonctionnement, le tout accompagné d'une très faible dérive du niveau de noir dans les mêmes conditions. Cette amélioration notable de la dynamique de l’image se manifestait également par des pics de brillance plus ou moins localisés et de durée variable, comparables à la dynamique des sons où l'on observait des crêtes du volume sonore. Ici, il s'agissait de pointes d'intensité lumineuse, rendues possibles, je le rappelle, par les cathodes imprégnées, capables de répondre rapidement à la demande de courant.
    • Focalisation des électrons et convergence des faisceaux.
    L'amélioration de la focalisation des électrons, qui avaient tendance à se disperser, était assurée par l'utilisation de lentilles électrostatiques. Ces lentilles minimisaient les aberrations et augmentaient la résolution grâce à l'utilisation de canons ART (Aberration Reducing Triode). La convergence des faisceaux, essentielle pour la précision des couleurs, était obtenue par l'inclinaison des canons et l'ajustement du champ magnétique lors de la fabrication, garantissant que les points d'impact des faisceaux sur l'écran correspondaient parfaitement aux zones de dépôt des luminophores.
    • Amélioration du contraste.
    Le contraste était optimisé grâce à une dalle fortement teintée dans la masse, réduisant la réflexion de la lumière ambiante (coefficient de transmission : 36,5 %) et favorisant la lumière émise par les luminophores internes, tout en offrant un noir plus profond. Cette innovation, introduite il y a une dizaine d'années avec le tube 45 AX FS Black Line, marquait une avancée significative. Les luminophores, lorsqu'ils étaient au repos, apparaissent de couleur grise. Eclairés par la lumière ambiante à travers la dalle, ils restaient visibles à moins que celle-ci ne soit fortement teintée, ce qui abaissait le seuil du noir. Cette approche était intéressante, car la dalle assombrie privilégiait la lumière émise directement de l'intérieur par les luminophores par rapport à celle provenant de l'extérieur, qui frappait l'œil du téléspectateur après avoir été réfléchie et traversée deux fois par ladite dalle. Cependant, l'atténuation de la lumière des luminophores restait problématique. Il était donc nécessaire de compenser cette perte en augmentant la tension d’accélération, la faisant passer de 25 kV à environ 30 kV.

    Un traitement spécifique était appliqué au masque en Invar, qui bénéficiait d'une suspension dénuée d'inertie thermique afin de gérer parfaitement la dilatation et ainsi améliorer la qualité de l'image. Grâce à un revêtement d'oxyde de bismuth sur la partie postérieure du masque, l'impact des électrons primaires se traduisait par une émission secondaire qui limitait l'élévation de température, l'énergie cinétique résultante étant finalement absorbée par les parois du tube. Une autre émission secondaire, résultant de l'impact des électrons primaires sur les luminophores, était préjudiciable au contraste de l'image. Voilà pourquoi la partie antérieure du masque était traitée pour capter ces électrons secondaires et éviter leurs effets néfastes sur l'écran.

    Parallèlement, le procédé "Black Matrix" était utilisé pour renforcer le contraste en entourant les luminophores de bandes noires, réduisant ainsi l'impact de la lumière ambiante. Ce principe consistait à border les luminophores par des bandes noires déposées initialement sur la face interne de la dalle. A travers celle-ci, la lumière ambiante rencontrait à ce niveau une couche de carbone servant de moule aux luminophores eux-mêmes, déposés dans un second temps. Le procédé de dépôt sélectif, bien connu, impliquait une attaque du matériau déposé en couche uniforme, suivi de l'application d'une laque photosensible polymérisée par exposition à une source UV, ciblant localement les zones à conserver. Ainsi traité, le revêtement photosensible protégeait localement le matériau aux endroits où il devait être préservé.

    Conclusion.
    Vaste débat s’il devait y avoir un classement des tubes cathodiques sur une période allant de 1967 à 2004 que je n'ai connus que depuis les années 80. Je choisirais sans hésitation, les tubes 72cm 4/3 Philips (A68 ESF 202 X11) ou Toshiba (A68 KZN 696 X01) exploités, entre autres, par Grundig dans les années 90. Secondés par un traitement vidéo adéquat, ils restituaient vraiment une image de qualité avec un rouge, une finesse et un contraste saisissants. Sans oublier un blanc digne de ce nom! Les plus observateurs des années fastes me diront que le top du tube cathodique fut sans conteste le A66-410X Delta 110° associé à l'excellente électronique du TVC 5 Philips deux décennies plus tôt. Ce tube fut d’ailleurs monté chez Grundig de 1973 à 1976, offrant une image d’une finesse remarquable pour l’époque.

    Avec tout de même un petit reproche sur le TVC 5, histoire de faire râler les puristes. Le blanc bleuté en mode N&B, totalement inutile et peu agréable à regarder…



    Vous pouvez retrouver le PDF complet ici.


    Bonne lecture à tous

    RVB


    (Un grand merci à Jacques, Jean-Marc et Patrice, pour leur précieuse collaboration.
    L'explication concernant le tube Black Line S est tirée du magazine Le Haut parleur n°1820)
    Dernière modification par kiki37 ; 08/10/2024 à 01h19.
    Tontonve Charleville (08) et Chaumont (52)
    https://windows7passion.fr/grundig.html

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