Bon, alors on va rectifier un peu toutes les erreurs qui truffent ta réponse ci-dessus :
1) Le problème de la privatisation de TF1, c'est à qui elle a été donnée : aux bâtisseurs de travaux publics Bouygues qui n'avaient aucune approche réelle de la télévision face à des concurrents qui avaient bien plus d'expérience : le Groupe Hachette, spécialiste de l'édition et déjà producteur de programmes de télévision à l'époque et propriétaire d'Europe 1 (qui s'est lancée dans la télévision privée dès 1953 en Sarre, c'était la 1ère TV privée d'Europe, Télésaar, avant qu'ils lancent aussi TMC, oui, TMC c'était Europe 1 en 1954). J'étais en plein dans le domaine à l'époque, et il y avait un certain souci de qualité des programmes auquel Bouygues a dès le départ décidé de ne pas se conformer. Tu es trop jeune sûrement pour avoir connu les programmes des années 80, c'était d'un niveau autrement plus élevé que "Le Mur" et autres "N'oubliez pas les paroles" etc. et on n'était pas envahis par la pub, les pop-ups et autres compte-à-rebours qui nous pourrissent la vision à tour de bras maintenant.
2) Que LCI soit passé gratuite en 2016 au lieu de 2017, on s'en fout un peu. L'essentiel, c'est le mal que ça a fait à des nouvelles chaînes qui se lançaient, BFM notamment, et i>télé très fragilisée par des problèmes internes. Schrameck a passé son temps à ne faire que des cadeaux douteux à la tête du CSA. Sa nomination d'Ernotte à la tête de FranceTélévisions est une catastrophe à la fois en termes de gestion, de gestion du personnel (épisode Michel Field) et en politique de programmation.
3) Mitterrand en 1981 n'a pas privatisé la bande FM, il l'a ouverte aux radios LOCALES privées tout en confortant le service public de Radio-France. C'est Chirac qui, dans l'alternance de 1986, a fait par son ministre François Léotard, autoriser les réseaux FM (NRJ, Skyrock etc) qui ont fait des ravages dans les milliers de radios locales de province (il y en a eu jusqu'à 4500 !) en leur piquant leurs fréquences et en mettant sur le carreau des milliers de jeunes qui pensaient y faire carrière : animateurs, techniciens, commerciaux pub, journalistes, etc. Dans ton coin par exemple, il y avait deux radios locales très connues, L'Echo des Garrigues et Alligator, ça m'étonneraient qu'elles existent encore. A la place, les émetteurs en régions sont pilotés de Paris pour de la pub locale, et un seul pingouin à Paris dégoise ses niaiseries dans tout le pays là où oeuvraient auparavant des centaines de gars et filles souvent bien meilleurs à l'antenne.
Ce n'est pas Mitterrand, mais Chirac et Léotard, à nouveau, qui ont privatisé TF1 après avoir fait retirer les autorisations à La Cinq de Berlusconi et à TV6 de Publicis accordées par Mitterrand en 1986, qu'ils ont fait ensuite réattribuer à Hersant-Berlusconi (La 5) et RTL-Lyonnaise des Eaux (M6). Tout le monde s'attendait à voir privatiser A2 (ou même FR3 en régionales, comme ITV au Royaume-Uni à l'époque : Thames, Granada, Yorkshire...) mais la presse régionale traînait des pieds et les syndicats étaient jugés trop puissants à TF1, Chirac l'a choisie. Bouygues a joué finement devant la CNCL et a réussi à battre Hachette. J'ai travaillé avec eux sur un projet de TV locale déclinable dans toutes les régions de France, on était stupéfaits de voir les méthodes à l'américaine (Audimats de la veille dans l'ascenseur, etc). Mais j'avoue qu'ils étaient très pros et intéressés par tout ce qui était nouveau. Comme le fait TMC, on devait rediffuser au niveau national des programmes déjà vus sur TF1, en y ajoutant des émissions locales (journaux, reportages, plateaux). C'est la CNCL qui a bloqué notre projet sur pressions de la presse régionale. Ils ont alors décidé de créer LCI à la place. Ensuite, ils se sont envolés dans le ratissage à grande échelle pour faire face à La Cinq, qui y a laissé ses plumes.
ITV n'est pas née en 1975 mais 20 ans plus tôt, en 1955 (Broadcasting Act de 1954). C'était au départ des franchises locales et régionales pour la plupart montées par des journaux régionaux ou des pros du spectacle (Salles de cinéma Granada à Manchester par exemple). La chaîne, tout en étant "populaire", a toujours gardé un certain niveau de qualité de programmes que n'ont jamais eu les chaînes privées françaises, sans doute pour rester à la hauteur face à la BBC qui émettait depuis 1937 des programmes maison très variés (théâtre, documentaires, etc). ITV en a fait autant et on les voit souvent sur nos propres chaînes (Poirot, Barnaby, Vera etc). Les radios FM privées ne sont apparues chez eux qu'en 1971, d'abord locales, nombreuses, puis trois réseaux nationaux seulement, dont un de musique classique.
C'est l'arrivée de Channel 4, qui au bout de quelques années a décidé de se lancer dans la téléréalité etc qui a poussé les autres chaînes européennes à en faire autant (M6 en premier). Elle continue, et n'hésite pas, en l'absence de censure comme chez nous, à montrer des gens totalement nus pour se choisir un partenaire, ou pour montrer leurs problèmes sexuels à un "médecin" qui se balla de dans les endroits le plus variés...
TF1, avant même d'être reprise par Bouygues, avait remonté une sacrée pente grâce à son dernier PDG de service public, Hervé Bourges, qui l'avait fait remonter en tête de toutes les chaînes où elle était tombée bonne dernière (son acheteur de séries, en 1983, n'avait plus aucun budget pour acheter quoi que ce soit au MIP-TV : "je n'ai plus de sous", disait-il tristement à un vendeurs de programmes qui nous l'avait raconté). Hervé Bourges, l'un des meilleurs dirigeants publics français, me semble actuellement le seul capable de redonner à France Télévisions le niveau qu'elle devrait avoir.
Depuis, en effet, TF1 a bénéficié d'un certain nombre de conditions qui l'ont aidée à devenir un leader européen de l'audiovisuel. ITV a été très diminuée par son démantèlement par Thatcher qui ne lui avait pas pardonné de ne pas la soutenir dans sa lutte contre les mineurs et dans sa politique d'augmentation des impôts. Berlusconi et sa Mediaset ont eu quelques soucis avec la justice, et les chaînes privées allemandes et espagnoles ne sont pas de taille.
Mais ce n'est pas une raison pour en demander toujours plus. Il est vrai que depuis l'arrivée de la TNT les audiences se sont effritées chez elle comme sur M6, mais leurs chaînes "croupions" sont là pour compenser, et elles leur rapportent plus qu'elles ne leur coûtent.
Il n'empêche que je comprends que certains abonnés soient furieux, le message du Service Client annonçant la coupure nous est arrivé 24 heures après... Je reconnais que Canal, avec ses tarifs prohibitifs et son téléphone clients à 34 cents de la minute, n'est pas non plus exempt de reproches...
PS : un résumé très intéressant de la privatisation de TF1 ici : https://iletaitunefoislatele.com/201...sation-de-tf1/
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