Créer au niveau européen une alliance capable de rivaliser avec Netflix, rapprocher France Télévisions d’Arte et de l’Institut national de l’audiovisuel (INA), susciter au niveau régional treize groupements d’intérêt économique rassemblant France 3, France Bleu et les journaux ou les télévisions locales privées… Selon les informations du 
Monde,  ce sont les principales pistes de réformes soumises par la présidente  de France Télévisions, Delphine Ernotte, au gouvernement, qui a demandé  officiellement à tous les dirigeants de l’audiovisuel public des idées  de synergies et d’économies. La patronne de l’entreprise publique a  évoqué ces propositions mercredi 15 novembre, dans une réunion avec  plusieurs centaines de ses cadres, comme l’a évoqué 
L’Opinion.
 Ces propositions ne répondent pas point par point aux pistes choc évoquées dans un document rédigé par le ministère de la culture et révélé par 
Le Monde lundi  13 novembre. Pour deux raisons : d’abord, la réponse de France  Télévisions a été remise au gouvernement le même jour et donc élaborée  avant que le document soit connu. De plus, Delphine Ernotte a décidé de prendre  des options différentes de celles esquissées par le ministère :  création d’une structure unique rassemblant France Télévisions et Radio France, ainsi que France Médias Monde (France 24, RFI…) et l’INA ; suppression de France Ô, la chaîne des outre-mers ; passage des médias jeunes France 4 et Mouv' en diffusion uniquement numérique ; rapprochements des réseaux France 3 et France Bleu…
Mme Ernotte peut s’appuyer sur le fait que la ministre de la  culture, Françoise Nyssen, n’a pas jusqu’ici assumé ces réformes  radicales, exposées dans ce qu’elle a appelé un « 
document de travail ». Cet argument a été rappelé par la présidente de France Télévisions lors de la réunion  avec ses cadres, mercredi. De plus, le document du ministère est  destiné au « comité action publique 2022 », un groupe de travail sur la  réduction de la dépense publique, qui agit parallèlement aux discussions engagées à la demande du gouvernement avec les patrons de l’audiovisuel public.
Eviter la fusion avec Radio France
 La direction de France Télévisions espère toutefois infléchir les débats en proposant de noue
r  des alliances avec des partenaires qui produisent eux aussi des images,  aux niveaux européen, français et régional. En creux, cette approche  cherche à éviter  une fusion avec Radio France, jugée lourde et coûteuse à court terme,  en raison du probable alignement des statuts des employés.
 Au niveau européen, France Télévisions tente de rebondir sur l’idée de
 « Netflix européen » évoquée par Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle. L’idée est de créer  un pôle capable de rivaliser avec le géant américain de la vidéo à la  demande par abonnement, ce qui est impossible au niveau français.  Toutefois, créer un tel service est difficile : les droits des séries et  émissions se négocient pays par pays et peu d’acteurs de ce marché sont  propriétaires de leurs œuvres au niveau européen. De plus, pour les  structures publiques, il n’est pas évident de 
pouvoir participer à un service qui serait payant.
 Davantage que Netflix, le modèle serait donc plutôt Hulu, la  plate-forme créée par plusieurs grandes chaînes de télévision  américaines : y sont rassemblés les services de rattrapage permettant de  revoir  gratuitement un programme, mais aussi certains services payants, selon  un modèle « freemium ». Surtout, note France Télévisions, Hulu a servi à  réaliser des coproductions, comme la série primée 
The Handmaid’s Tale (La Servante écarlate).
A l’échelle française, France Télévisions propose de se rapprocher  d’Arte. Cette dernière est une structure franco-allemande mais, pense  l’équipe de Mme Ernotte, les deux entités pourraient collaborer dans la production de séries dans le but d’atteindre le standard de qualité des meilleurs à l’international.  Et de réaliser des économies en partageant certaines tâches. Un  partenariat entre France Télévisions et Arte était évoqué dans le  « document de travail » du ministère.
Rapprochement de France 3 et France Bleu
 France Télévisions est également favorable à une alliance avec l’INA, qui collabore déjà au projet Franceinfo en fournissant des modules de programmes courts. Les deux structures pourraient aussi travailler ensemble sur la formation, la numérisation ou l’archivage, croit-on à France Télévisions.
 Au niveau régional, Delphine Ernotte propose, comme le gouvernement, de réunir  France 3 et France Bleu, mais en élargissant l’alliance aux acteurs du  privé : la presse quotidienne régionale, qui manque de puissance sur le  numérique, ainsi que les télévisions locales, quand elles existent. Dès  la rentrée 2018, France 3 et France Bleu pourraient travailler ensemble  sur des matinales ou des programmes communs, sur le modèle de  Franceinfo, propose Mme Ernotte, afin d’aller dans le sens du gouvernement.
 Cet exemple illustre la logique que privilégie France Télévisions dans ses relations avec Radio France : une approche 
« par projets »,  inspirée de France Info. Celle-ci pourrait aussi s’appliquer à la  culture – des discussions sont en cours entre France Culture et France 5  notamment – et à l’éducation ou l’éducation artistique.
Dernier point, afin de tenter de répondre  à la demande pressante d’économies formulée par l’équipe de M. Macron,  France Télévisions a ouvert la porte à une évolution de son modèle social. Celle-ci passerait par l’ouverture d’une phase de discussion avec les syndicats dans le but de renégocier l’accord collectif signé en mai 2013 pour fixer  le temps de travail ou l’organisation des métiers dans l’entreprise  unique créée par le rapprochement de France 2, France 3, etc. Sa  négociation avait à l’époque été longue et sensible.
 
			
		
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