Tracer un sentier d’avenir pour la RNT en France
      
I. Introduction
J’ai deux bonnes nouvelles ! Je  ne peux donc commencer que par une bonne ! La première, c’est que les  réponses à la consultation publique du CSA sur le déploiement du DAB+  sont nombreuses et très encourageantes ! La deuxième bonne nouvelle,  c’est qu’il n’y a pas de mauvaise nouvelle : le DAB+ va enfin pouvoir  décoller significativement en France métropolitaine d’ici la fin 2020 :  le plan que j’aime à nommer « plan des nœuds et des arcs » est en passe  d’accéder à la réalité ! Mais, d’abord, quelques nouvelles des chantiers  en cours…
II. Les chantiers en cours
1. Les  autorisations des éditeurs puis des opérateurs de multiplex dans les  Hauts de France sont maintenant délivrées et les émissions pourront  démarrer en mars ou avril 2018. Je me rendrai à Lille à cette occasion  afin de célébrer l’événement et, surtout, de communiquer sur le DAB+.
2.  Les autorisations à Lyon et à Strasbourg ont été légèrement différées  pour effectuer certains réglages de dernière minute, mais tout est à  présent en ordre de marche. Les autorisations aux éditeurs seront  délivrées avant la fin de ce mois de novembre, déclenchant la  constitution des multiplex dans un délai de deux mois.
3. Le  dernier en date des appels à candidature, portant sur la zone de  Rouen/Le Havre et celle de Nantes/St Nazaire/La Roche-s-Yon est très  fructueux : il a suscité en tout environ 70 candidatures, actuellement  en cours d’examen. Tous les multiplex devraient pouvoir être remplis. Le  format de ces appels, à savoir un allotissement étendu et pas plus de  trois allotissements locaux, restreints aux bassins de vie les 2 plus  denses, apparaît donc satisfaisant. Il servira en quelque sorte de «  moule » pour les prochains appels DAB+.
4. Un appel portant sur  les zones de Bordeaux et de Toulouse, ainsi qu’une recomposition  partielle des multiplex sur les zones de Paris, Marseille et Nice,  seront les prochaines étapes du processus, en début d’année prochaine.
5.  Enfin, les services du CSA travaillent actuellement au mode de calcul  de la couverture DAB+, afin de déterminer quand sera atteint le seuil de  20% déclenchant les obligations des constructeurs. Je pense toutefois  avec force que, au-delà de cette seule contrainte administrative, ce qui  amorcera véritablement la dynamique d’équipement en récepteurs DAB+,  c’est la création des conditions propices à une spirale vertueuse  d’anticipations positives sur l’essor de la radio numérique terrestre.
III. La feuille de route
1.  Comme je l’ai indiqué en introduction, les contributions à la toute  récente consultation publique du CSA, encore en cours de dépouillement,  ont été nombreuses : plus de quarante en tout. Ces contributions sont  nourries, constructives et elles émanent de l’ensemble des acteurs de la  filière : éditeurs de services privés comme publics, diffuseurs  techniques, fabricants de récepteurs, éventuels distributeurs. La somme  de ces apports permettra au Conseil de fixer, avant la fin 2017, une  feuille de route à la fois ambitieuse et réaliste, pour la période  2018-2020. Sans attendre cet affichage officiel et après de premières  discussions au sein du Collège, je suis dès aujourd’hui en mesure de  vous dévoiler à grands traits les contours de cette feuille.
2.  Premièrement, le calendrier du déploiement régional et local, selon un  format-type analogue à celui retenu pour le dernier appel sur Nantes et  Rouen, va désormais s’accélérer : deux grands appels successifs, portant  chacun sur une quinzaine de grandes zones denses, devraient être lancés  à un an d’intervalle, au premier semestre 2018, puis au premier  semestre 2019.
3. Deuxièmement, le CSA, en étroite coordination  avec les acteurs du secteur, va examiner dans les prochaines semaines la  possibilité de la mise en appel en 2018 des deux multiplex nationaux,  jusqu’ici gardés en réserve. Les modalités techniques, économiques et  juridiques de cet éventuel appel national restent encore à préciser et  elles devront impérativement être arrêtées dans la concertation.
4.  Le plan dit des nœuds et des arcs, c’est précisément cela ! S’agissant  des nœuds, couvrir avant la fin 2020 la trentaine d’agglomérations de  plus de 200 000 habitants. Et, s’agissant des arcs, couvrir, pour une  écoute en mobilité, les grands axes autoroutiers et routiers du  territoire métropolitain, ainsi bien-sûr que les grandes aires urbaines  que ces axes relient.Tout éditeur gardera ainsi une liberté de choix  entre : ou bien, un modèle de développement régional ou multirégional,  via les appels régionaux ; ou bien, un modèle de développement global,  via l’appel national métropolitain.
IV. Pourquoi j’y crois !
1.  Ceux qui me connaissent un peu savent bien que je n’ai pas pour  habitude de m’investir dans des projets auxquels je ne crois pas. Qu’on  n’en doute donc surtout pas, je crois véritablement à une perspective de  déploiement de la radio numérique terrestre en DAB+ dans notre pays, à  la condition expresse que la première phase à trois ans de ce  déploiement soit telle que je viens de la décrire : caractérisée par sa  rapidité de réalisation, son effet mobilisateur, ainsi que par sa  viabilité économique.
2. Ce en quoi je ne crois pas, en revanche,  et je ne m’en suis jamais caché, c’est en la possibilité d’une lente  pénétration homogène de la couverture DAB+, étalée sur un trop long  calendrier de six ans, embarquant systématiquement les zones peu denses  en même temps que les zones les plus denses. Les retours de terrain de  Paris-Marseille-Nice, ainsi que les résultats de l’appel à candidatures  sur Lille-Lyon-Strasbourg montrent clairement qu’une telle stratégie  serait vouée à l’échec, car l’appétence et la solvabilité des éditeurs  fait encore défaut pour les plus petites zones. Et si l’on veut échouer,  le meilleur moyen est sans doute de ne réussir qu’à demi !Une inflexion  stratégique est donc nécessaire à ce stade de la trajectoire et la  ligne de conduite que je vous présente aujourd’hui, avec l’aval du  Collège du CSA, est le résultat de cette inflexion. Donc, ni revirement,  ni changement de cap ! Juste une inflexion… dans le but de mieux  aboutir ! Il n’est certes pas trop tard, mais on se situe néanmoins en  fin de « fenêtre de tir » et il faut aller vite !
3. Il convient  de bien garder présent à l’esprit que l’économie du déploiement doit  être « autoportée » par les acteurs du secteur, sans ressources  publiques extérieures. Le contexte n’est en rien comparable à celui du  plan national de déploiement de la fibre optique, où un concours  financier de l’État et des collectivités territoriales rend possible une  progression concomitante de la pénétration dans les zones denses et  dans les zones moins denses. Dans le cas de la radio numérique  terrestre, le succès exige que l’on commence par les zones où le modèle  économique est le mieux assuré à court terme, avant d’aborder ensuite  des zones qui ne seront viables qu’à moyen terme, après qu’un élan aura  été imprimé par la première phase. Je réalise qu’un sacrifice important  est ainsi demandé à beaucoup de radios locales, qui se sont beaucoup  investies et qui devront patienter. Je tiens à leur adresser ce message  positif : mieux vaut parfois savoir ne pas prendre un premier train,  afin de ne pas trop l’alourdir, d’augmenter ses chances d’arriver et de  pouvoir ainsi bénéficier pleinement du départ d’un second train, après  2020.
4. En résumé, non seulement le succès est possible mais  encore est-il le scénario le plus vraisemblable, pour peu que nous tous  ici, chacun pour sa part, contribuions à le faire advenir. Et ce  scénario vraisemblable, est-il également un « futur désirable » ? Oui,  indubitablement !
- Oui, car la qualité du son et la continuité de  la réception seront significativement améliorées, notamment en  mobilité, situation d’écoute en très forte progression.
- Oui, car  l’extension géographique de certaines radios multi-villes, aujourd’hui  empêchée par la saturation de la bande FM deviendra possible.
-  Oui, car l’offre sera enrichie, à la fois par une variété accrue et par  la disponibilité de fonctionnalités innovantes, autour des données  associées.
- Oui, car les coûts seront mutualisés, entre éditeurs  d’un même multiplex et aussi, possiblement dans certaines  configurations, entre éditeurs, constructeurs automobiles et sociétés  concessionnaires d’’autoroutes.
- Oui, enfin, car le DAB+ est une  technologie de modulation numérique, IP-compatible et donc viable à  terme, dans le futur écosystème tout IP.
Voilà pourquoi je crois  fermement à un DAB+ français ! Et je crois aussi que le rôle du  régulateur, dans cette entreprise, va bien au-delà du seul octroi des  fréquences de la bande III : soyez certains que, avec détermination et  vigilance, le CSA accompagnera les radios sur le chemin prometteur du  numérique terrestre.
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En  conclusion, la stratégie des nœuds et des arcs s’inscrit délibérément  dans une logique de complémentarité, et non de substitution, du DAB+  vis-à-vis de la FM. Cette stratégie est à la fois réalisable et bien  adaptée aux spécificités de notre contexte national. Il ne nous reste  plus qu’à la mettre en oeuvre, ensemble !Régulateur, diffuseurs,  fabricants, constructeurs automobiles, petites, moyennes et grandes  radios, privées et publiques… et bien sûr auditeurs, soyons donc tous  animés par un même souffle, celui qui transformera en feu l’étincelle du  DAB+ !
Je vous remercie de votre attention.
			
		
 
	
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