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Vue hybride

  1. #1
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    Les antennes d'émission TV en France dans les années 50-60 :
    la Normandie


    1) Caen - Mont Pinçon


    Alors que jusqu'à présent la R.T.F. avait donné la préférence aux régions proches des frontières du nord, de l'est et du sud-est pour développer son réseau d'émetteurs de télévision face à la concurrence des pays frontaliers, c'est désormais de la mer qu'arrivent des ondes étrangères, avec la mise en service le 3 octobre 1955 dans les îles anglo-normandes (Jersey, Guernesey, Aurigny, Sarck), d'un émetteur de la B.B.C. sur le canal B4-H (vidéo 61,75 MHz - audio 58,25 MHz).


    C'est en effet le seul canal disponible pour la B.B.C. à cet endroit parmi les cinq qu'elle utilise dans la bande I : même les émetteurs de Rowridge sur l'île de Wight sur le canal B3-V, et de Wenvoe dans le Pays de Galles sur le canal B5-V, seraient susceptibles de provoquer des interférences en cas d'utilisation à Jersey. Quant aux canaux B1 et B2, c'est exclu puisqu'ils sont occupés par le canal F2-H attribués à la R.T.F. à Caen :



    Le seul canal restant disponible en 1955 pour les îles anglo-normandes était à l'évidence le B4.
    C'est la raison probable du remplacement du canal F4-H, initialement attribué à la R.T.F.,
    par le canal F5-H "hors bande" en bande III pour son futur émetteur de Rennes.

    D'après carte BBC Handbook © 1956

    Situé au lieu-dit Les Platons, au nord-est de Jersey, l'émetteur, d'une puissance apparente rayonnée de 1 kW seulement, est néanmoins correctement reçu dans une bonne partie du Cotentin et de la côte nord de la Bretagne :



    La zone de réception de l'émetteur BBC Les Platons dès 1955
    Document © Télé-Magazine (1960)

    De hauteur modeste (60 mètres environ), le pylône avait à peu près l'aspect de celui des Isles Scilly (pointe sud-ouest de l'Angleterre) photographié ci-dessous en 1983 :



    Deux différences sont à noter entre Les Platons et les Iles Scilly (photographie ci-dessus ) :
    1) Pas de cylindre d'émission UHF aux Platons, qui n'a émis qu'en 405 lignes VHF.
    2) L'antenne de réception du signal 405 lignes (en bas) était verticale, dirigée
    sur
    North Hessary Tor (canal B2-V) et non horizontale (dirigée ici sur Redruth, canal B1-H)

    Document © mb21.co.uk
    N'hésitez pas à aller visiter ce site passionnant sur
    les émetteurs de radio-TV britanniques (et autres)
    auquel participe d'ailleurs activement notre ami
    mw963


    Malgré la barrière de la langue, la R.T.F. prend au sérieux cette concurrence car, même si le 405 lignes britannique est obsolète, la bataille des standards est toujours d'actualité à cette époque.

    Dans cette zone touristique
    très fréquentée par les Parisiens comme par les étrangers (Mont Saint-Michel, citadelle de Saint-Malo, plage de Granville...) il ne saurait être question de laisser les grands hôtels s'équiper de téléviseurs ne proposant que les émissions anglaises à leurs clients fortunés attachés à un certain confort.

    La mise en service de l'émetteur de Basse-Normandie est donc hâtée et les études sont lancées dès 1955 pour retenir le lieu d'émission.
    Ce sera sur le Mont-Pinçon, sur la commune du Plessis-Grimoult, qui domine de ses 362 mètres le département du Calvados :


    La zone de réception prévue devrait, non seulement couvrir la quasi-totalité de celle des Platons, mais aussi s'étendre au Sud vers l'Orne, la Mayenne et même le nord de la Sarthe...



    Document © Ouest-France

    Dès le 20 janvier 1955, exactement trois semaines après les débuts de la B.B C. à Jersey, la R.T.F. a pris la précaution de prévenir que ses émetteurs de l'Ouest subiront un certain retard :



    Document © Ouest-France

    Et encore... ces retards vont être encore plus grands que ce qui est annoncé ci-dessus. Pour des raisons que nous évoquerons lors de sa présentation à venir, l'émetteur de Rouen ne sera mis en service qu'en octobre 1956, mais c'est un privilégié par rapport aux autres : les petits relais de Cherbourg et du Havre auront deux ans de retard (été 1958), Bordeaux ne démarrera ses émissions qu'en décembre 1957, et il faudra attendre 1960 pour remplacer les petits relais de 3 Watts (Limoges) et de 50 Watts (Rennes et Nantes) effectivement mis en service, en 1957, mais avec des zones de réception minuscules à la place de ceux de 20 kW initialement prévus à cette date

    Le canal retenu pour le Mont-Pinçon est le F2 (vidéo 52.40 MHz - audio 41.25 MHz) en polarisation horizontale, et la puissance crête-image sera de 20 kW. C'est le tout premier émetteur de forte puissance à fonctionner en bande I avec la définition de 819 lignes : Liège en Belgique, et (très brièvement) le Felsberg de Telesaar ne seront mis en route qu'en 1958.

    On peut s'étonner du choix de ce canal, alors que la B.B.C. très proche émet uniquement sur cette bande I, ce qui ne manquera pas de provoquer des problèmes d'interférences avec les stations britanniques de grande puissance, même si celles-ci utilisent la polarisation verticale.

    Les travaux du Mont-Pinçon se poursuivent néanmoins activement :




    Document ©
    Ouest-France






    Document © Magazine Le Haut-Parleur (1956)

    Pour afficher la photographie de couverture, cliquer ici
    (document PDF ©
    Le Haut-Parleur - Taille 300 ko)



    Document © Magazine Le Haut-Parleur (1956)
    Pour plus de détails techniques sur l'émetteur, cliquer ici
    (document PDF ©
    Le Haut-Parleur - Taille 176 ko)


    Finalement, l'émetteur est mis en service, jour symbolique, le 14 juillet 1956 et officiellement inauguré par le ministre de l'Information quelques jours plus tard :


    Cliquer dans l'image ou ici pour une parfaite lisibilité de cet article
    Document ©
    Ouest-France




    Le centre émetteur R.T.F. de Caen Mont-Pinçon en 1956.
    L'antenne Supertourniquet est à peine visible à son sommet.

    Noter le petit pylône construit par les P.T.T. pour leur faisceau hertzien.
    Document © Delcampe.net

    La zone de réception du Mont-Pinçon s'avère bien plus vaste que celle initialement prévue, ce qui ne manque pas de susciter un très vif intérêt (largement relayé dans la presse - voir ci-après) mêlé d'impatience de la part des populations éloignées qui le reçoivent de façon parfois acrobatique, voire même sporadique...



    Réception jusqu'à Laval (Mayenne) à 100 km de l'émetteur...
    Document ©
    Ouest-France





    Avec la même distance en Sarthe, à 20 km au nord-est du Mans...
    Document ©
    Ouest-France




    Encore un peu plus loin, à 120 km...
    Document ©
    Ouest-France




    Et même à 150 km...
    Document ©
    Ouest-France


    Mais la palme revient à... la Vendée avec des réceptions aux Sables d'Olonne, à 287 km de l'émetteur, soit la même distance qu'entre le Mont-Pinçon et... le centre de Londres :




    Cliquer dans l'image ou ici pour une parfaite lisibilité de cet article
    Document © Ouest-France




    Document ©
    Ouest-France


    Dans toutes les recherches de documents d'archives liés au développement du réseau, jamais jusqu'à présent ne s'était présentés autant de témoignages enthousiastes liés à la mise en service d'un émetteur de télévision. La Sarthe notamment, qui se manifestera, nous le verrons, à plusieurs reprises pour hâter la mise en service d'un "relais" sur son territoire. Élus comme population ne comprenaient pas comment, situés relativement près de Paris, ils allaient devoir attendre plusieurs années et passer obligatoirement par l'artère hertzienne de Rouen et Caen, au lieu d'avoir leur liaison directe avec la capitale. C'est pourquoi, malgré toutes les difficultés liées à l'éloignement et à la très grande sensibilité du canal F2 au parasites automobiles, nombreux étaient ceux qui ne voulaient pas attendre et s'équipaient en conséquence.

    Certains profitaient de cet engouement, en particulier ce commerçant du Mans qui faisait régulièrement des annonces dans les journaux sous la forme d'articles de
    presse pour inciter les Sarthois à s'acheter un téléviseur :




    Cliquer dans l'image ou ici pour une parfaite lisibilité de cet article
    Document © Ouest-France
    Dernière modification par kiki37 ; 10/07/2022 à 16h18. Motif: au
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    Louis Marie Foratier

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    2) Rouen - Grand-Couronne / Rouen - Les Essarts

    Quelques mois après le Mont-Pinçon, l'émetteur de Rouen est enfin mis en service le 14 octobre 1956 au lieu-dit Le Grand Essart, dans le quartier des Essarts au sud de la commune de Grand-Couronne. Si dans les documents officiels de la
    RTF puis de l'ORTF et de TDF il a pour nom Rouen Grand-Couronne, il est souvent aussi dénommé Rouen Les Essarts.

    La raison de ce retard est notamment due à la situation de ce pylône par rapport à l'aérodrome de Rouen Le Madrillet (St-Etienne du Rouvray) : il se situe exactement dans l'axe de la piste d'atterrisage et de décollage.

    La
    RTF se voit donc obligée de limiter à 100 mètres la hauteur de ce pylône, dont la base se trouve néanmoins à 130 mètres au-dessus de la mer :


    Le premier émetteur du Grand Essart désormais disparu.
    Un "Chemin de l'antenne"marque maintenant son ancien emplacement.
    Deux autres vues anciennes sont visibles
    ici sur le site de M. Thierry Vignaud
    Cliquer dans l'image ou ici pour l'afficher en grande taille.
    Document © Delcampe.net


    Dans Radio-Cinéma Télévision (futur Télérama) du 25 novembre 1956 il est précisé qu'avec une puissance de 10 kW crête-image et trois panneaux rayonnants de 100 kW de P.A.R. (et un quatrième limité à 50 kW vers le nord-est), le canal F10-H de Rouen (vidéo 199,70 MHz - audio 188,55 Mhz) est bien reçu jusqu'à Honfleur à l'ouest, Bernay et L'Aigle au sud-ouest, Nonencourt et Houdan au sud-est, Gisors à l'est, Forges-les-eaux et Neuchâtel-en-Bray au nord-est :


    La baie centrale de contrôle aux Essarts. Noter le téléviseur typique des années 50 avec
    la vitre de protection de l'écran, utilisé pour vérifier le "retour antenne" de l'émetteur.
    Les fanions tricolores indiquent que cette photo date de l'inauguration en octobre 1956.
    Cliquer dans l'image ou ici pour voir tous les détails en grande taille.
    Document © Delcampe.net

    Seule ombre au tableau, comme Cherbourg pour le Mont-Pinçon, Le Havre se trouve hors de portée d'une réception correcte des Essarts. Les deux agglomérations devront attendre deux ans avant de se voir doter d'émetteurs secondaires de faible puissance (nous y reviendrons très bientôt) pour assurer une réception correcte des émissions.

    En 1964 est entreprise la construction d'un second pylône, toujours aux Essarts, à quelques centaines de mètres au nord du mât existant. Selon les nouveaux choix techniques de l'époque, comme au Mont-Pinçon cet édifice sera lui aussi tubulaire :



    Le nouveau mât tubulaire de 200 mètres mis en service en 1966.
    Dès avant sa mise en service définitive il avait commencé à diffuser la Deuxième Chaîne.
    Cliquer dans l'image ou ici pour l'afficher en grande taille.
    Document © Martin Watkins (2001)

    Les choses traînent toutefois en longueur car il faudra deux ans avant que cette nouvelle installation soit mise en service, afin d'apporter, grâce à ce mât deux fois plus haut (200 mètres) une couverture correcte pour la toute nouvelle
    Deuxième Chaîne. Celle-ci sera lancée avec près d'un an de retard sur celle du Mont-Pinçon, sur le canal 33-H avec une puissance crête-image de 20 kW (soit 500 kW de P.A.R.) ce qui fait de ce site une particularité par rapport au reste du réseau auquel on a assigné des "triplets" (21-24-27 à Lille et Brest, 22-25-28 à Paris et Caen, 50-53-56 à Limoges et Vannes etc): pour on ne sait quelle raison, Rouen s'est vu en effet attribuer les canaux 23-26-33. Il rejoint ainsi Strasbourg Nordheim qui a hérité d'un hétéroclite 43-56-62 dû, lui, à la proximité des nombreux émetteurs étrangers limitrophes.

    Parallèlement, le voisinage trop proche et l'axe trop direct de la piste de l'aérodrome de
    Rouen-Rouvray (Le Madrillet) sont réglés par l'abandon de ce dernier au profit, en 1968, de celui de Boos qui deviendra l'actuel Rouen Val de Seine, à l'est de la ville, et dont l'axe de la piste met désormais l'ORTF à l'abri d'éventuels problèmes de hauteur pour ses installations :





    Vue aérienne de l'ancien émetteur au bord de ce qui deviendra, en bas, l'autoroute A13
    Cliquer dans l'image ou ici pour l'afficher en grande taille
    Document © IGN - GLImages - Forgotten Circuits
    Pour la vue aérienne de l'émetteur actuel, cliquer ici
    (document © Google Maps - Collection Coplan)



    Le premier mât se situait dans l'axe (en bleu) de la piste (en violet) de l'aérodrome du Mardillet.
    Un léger déplacement (en rouge) permettait de réduire un peu le problème, mais celui-ci fut
    définitivement réglé avec le transfert d'aérodrome à Boos ont l'axe de la piste (en orange)
    est totalement différent de celui (en fuschia) en direction de l'émetteur.
    Cliquer dans l'image ou ici pour l'afficher en grande taille, plus lisible.
    Document © Google Maps
    Sources des informations :
    © Mme Cécile-Anne Sibout, historienne (2004, 2010)
    © Agglomération de Rouen (2004) et © Journal Paris-Normandie (2010)
    © anciens-aerodromes.com


    Alors que le Mont-Pinçon s'est vu attribuer dès 1957 trois émetteurs FM, les Haut-Normands devront attendre 1963 avant de pouvoir écouter
    RTF-Inter (future France Inter) sur 96,5 MHz et RTF Haute-Fidélité (future France Musique) sur 92 MHz grâce à deux émetteurs de 12 kW. Le troisième, sur 94 MHz, arrivera l'année suivante pour diffuser France Culture (ex-RTF Promotion) :





    En haut de cette photographie de mw963 datant d'avant la TNT, les antennes TV bande III.
    Sous la plateforme, les panneaux UHF bande V diffusant La Cinq (puis Arte/France 5) et M6
    En bas, les panneaux radio FM pour France-Inter, France-Cultureet France-Musique.
    Cliquer dans l'image ou ici pour voir tous les détails en grande taille.
    Document © Martin Watkins (2004)

    Côté télévision régionale, la station
    ORTF de Rouen installée au pied de l'émetteur est inaugurée comme à l'habitude par le ministre Alain Peyrefitte le 27 novembre 1964. Les locaux sont exigus, les conditions de travail sont difficiles pour l'équipe qui détient le triste record de studio le plus petit de France avec ses 35 m², à peine plus grand que celui du Beffroi de Lille dans les années 50. La situation sera grandement améliorée fin 1978 avec le déménagement dans des locaux adaptés, au sein du nouveau centre tertiaire de Saint-Sever. La station pourra alors, le 15 décembre 1978, proposer son premier journal télévisé en couleurs.

    Entre temps, la
    Troisième Chaîne est arrivée à Rouen Grand-Couronne le 24 avril 1974 sur le canal 26-H, suivie en 1976 par TF1 Couleur sur le canal 23-H, toutes deux avec une puissance crête-image de 20 kW, soit 500 kW de P.A.R.

    Au début des années 80, Canal Plus émet désormais sur le nouveau canal L07-H (vidéo 192 MHz - audio 198,5 MHz) avec une P.A.R. de 65 kW. Ses fréquences se logent sans problème dans celles, plus larges, de l'ancien canal F10 du 819 lignes.

    Quelques années plus tard, La Cinq (puis Arte/France 5) se caseront respectivement sur les canaux 59-H et 62-H rayonnés de façon plus ou moins directionnelle par un petit jeu de panneaux
    bande V installé entre les panneaux bande III et FM. Même avec des P.A.R. de 100 kW, la diffusion sera évidemment nettement moins bonne que celle du triplet bande IV diffusé depuis l'antenne au sommet du pylône, dont la puissance a été ramenée de 500 à un peu moins de 200 kW avec l'arrivée de ces nouvelles chaînes.

    Le 31 mars 2005, pour une fois c'est Grand-Couronne (Les Essarts) qui est favorisé par rapport au Mont-Pinçon, avec le lancement officiel, en même temps que Paris et une douzaine d'autres villes, de la T.N.T.

    Au niveau de la zone de réception, France 5, Arte et M6 sont enfin à égalité avec les autres chaînes historiques en ayant accès, elle aussi, à l'antenne UHF principale au sommet du pylône :





    L'émetteur peu après l'arrivée de la TNT le 31 mars 2005

    Cliquer dans l'image ou ici pour voir tous les détails en grande taille.
    Document © TDF (2005)





    Noter le bâtiment en bas à droite, un ancien logement du personnel du premier centre émetteur
    Cliquer dans l'image ou ici pour voir tous les détails en grande taille.
    Document © TDF (2005)
    Dernière modification par kiki37 ; 12/07/2022 à 16h11.
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  3. #3
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    l'aérodrome du Madrillet.

    Le Madrillet accueille de nos jours le technopole de la métropole de Rouen
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Techno...e_du_Madrillet
    Dernière modification par kiki37 ; 02/08/2018 à 10h06. Motif: rectification faute de frappe

  4. #4
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    3) Cherbourg - Digosville et Le Havre - Harfleur

    Autant en baie de Seine qu'à l'extrémité de la pointe du Cotentin, les émissions de Grand-Couronne comme celles du Mont-Pinçon ne parviennent que très difficilement, voire pas du tout dans ces secteurs en bord de mer.
    Aussi la R.T.F. décide-t-elle de construire deux émetteurs de faible puissance destinés à compléter ces couvertures insuffisantes dans les zones de Cherbourg et du Havre-Honfleur.

    Toutefois, en cette deuxième moitié des années 50, la conjoncture économique est très défavorable pour les déblocages de crédits destinés à l'achat de nouveaux émetteurs. L'Ouest est en première ligne dans cette période de vaches maigres, nombreux sont ses futurs émetteurs de grande puissance qui voient leurs délais de mise en route reportés de un ou deux ans. Le bal commence avec les deux sites de Cherbourg-Digosville et Le Havre-Harfleur, qui devaient être initialement mis en route dans la foulée de ceux de Caen et Rouen, mais ils devront finalement attendre l'été 1958, avec le 27 juillet pour Cherbourg et le 5 août pour Le Havre.


    a) Cherbourg - Digosville

    C'est donc dans le petit village de Digosville (le "s" ne se prononce pas), au lieu-dit Le Hameau Giot sur la Lande Panverse, à 5 km au nord-est de Cherbourg, qu'est construit un petit pylône en treillis métallique haubané de 80 mètres seulement pour assurer une réception correcte dans cette zone hors de portée du Mont-Pinçon, distant de 100 km et dont le signal est affaibli par les collines encadrant la vallée de la Divette.

    Le canal F12-H (vidéo 212,85 MHz, audio 201,70 MHz) avait été retenu avec une puissance-crête image de 500 Watts, soit environ 10 kW de P.A.R.


    Par la suite, occupant cette même bande de fréquences et malgré leur voisinage relatif, les émetteurs I.T.V. de Chillerton Down (canal B11-V) sur l'île de Wight dès 1959, et de Caradon Hill (canal B12-V) dans le Devon en 1960, n'allaient pas apporter de soucis marquants, notamment grâce à leurs diagrammes de rayonnement très limités vers le continent, mettant la pointe du Cotentin à l'abri des interférences subies par les usagers du Mont-Pinçon.

    Courant 1966, un émetteur
    Deuxième Chaîne de 2 kW (soit 50 kW de P.A.R.) était mis en service sur le canal 59-H et l'année suivante, un premier petit émetteur radio F.M. diffusait France-Inter pour l'agglomération de Cherbourg sur 94,15 MHz avec 50 Watts de puissance, celle-ci étant portée à 250 Watts (soit environ 5 kW de P.A.R.) courant 1968, au côté de deux autres émetteurs de mêmes caractéristiques diffusant France-Culture sur 89,2 MHz et France-Musique sur 92,35 MHz avec une zone de réception à peu près identique à celle des deux émetteurs de télévision.

    Merci à notre ami normand14 qui nous apporte également les précisions suivantes : " L'émetteur FM fut mis en service pour permettre de diffuser Radio-Cherbourg en décrochage de France-Inter. Radio-Cherbourg fut inauguré le 6 janvier 1966 en même temps que la station régionale de l'ORTF de Caen. De ce fait l'émetteur de Caen-Mont Pinçon cessa ce jour-là de transmettre les actualités régionales réalisées depuis Rouen pour diffuser celles produites par la station de Caen. Un faisceau hertzien fut mis en place entre la station installée à Saint-Contest dans la banlieue de Caen et le Mont-Pinçon.
    https://france3-regions.francetvinfo...ns-898401.html
    https://www.ouest-france.fr/normandi...issait-3962087 "


    La puissance des émetteurs UHF sera doublée (4 kW crête-image, soit 100 kW de P.A.R. environ) lors de la mise en service d'un second émetteur en 1976 sur le canal 62-H pour
    FR3, suivi en 1978 par celui de TF1 Couleur sur le canal 65-H. Canal Plus suivra au milieu des années 80 en 625 lignes SECAM sur le canal L06-H (vidéo 191,25 MHz – audio 197,75 MHz). Alors qu'en général on s'efforçait de rester dans la même bande de fréquences que l'ancien réseau 819 lignes, ici à cause de l'écart important de fréquence vidéo avec l'ancien canal F12 du 819 lignes, certains téléspectateurs, notamment abonnés à la chaîne, ont pu être amenés à devoir remplacer leur antenne Bande III.

    Dans le milieu des années 80, Digosville reçoit deux émetteurs UHF d'une puissance de 1 kW crête-image environ (soit 20 kW P.A.R.) sur les canaux 35-H pour
    La Cinq et 37-H pour M6.

    Malgré d'intenses recherches menées sur plusieurs semaines, il n'a pas été possible (comme cela avait déjà été le cas pour Dijon Nuits St-Georges et Besançon-Lomont) de trouver une seule illustration de cet émetteur avant 1986. C'est en effet à notre ami Martin,
    mw963, que nous devons ces photographies du site lors du remplacement de son pylône en 1986, qu'il nous a gentiment mis a disposition comme il l'avait fait pour le site de M. Thierry Vignaud. En retouchant l'une d'entre elles, comme cela a été fait précédemment pour le Lomont dans des conditions identiques, voici l'aspect que devait avoir le pylône à ses débuts en 1958 :



    Les antennes 819 lignes du canal F12, au sommet du mât, étaient légèrement moins grandes que
    celles de Canal Plus (canal L06) visibles sur cette retouche de la photographie originale prise par
    notre ami mw963 en 1986 lors du remplacement de ce pylône, et visible après celle ci-dessous.

    Document retouché à partir du cliché original © Martin Watkins (1986)

    Et voici à quoi il ressemblait réellement en 1986 après l'arrivée de La Cinq et M6 :




    Noter le réflecteur passif assurant la liaison hertzienne des quatre premières chaînes
    Document retouché à partir du cliché original © Martin Watkins (1986)

    Enfin, voici la photographie originale prise par notre ami mw963 au moment du remplacement de l'ancien pylône de 80 mètres, par un nouveau, haut de 138 mètres :



    Site T.D.F. de Cherbourg – Digosville, 1986.
    Remplacement de l'ancien mât de 1958, haut d'environ 90 mètres
    avec son antenne UHF, par un nouveau mât de 138 mètres (à droite)

    Document © Martin Watkins (1986)

    Cherbourg n'a pas eu seulement un rôle au niveau de la télévision française : lors de l'arrivée très tardive (en 1976) de BBC2 et de la mise en couleur de BBC1 et de ITV Channel Television dans les îles anglo-normandes, les opérateurs britanniques avaient adopté deux politiques différentes. Apparemment ITV (peut-être à cause de son statut commercial) n'avait ni souhaité ni réussi à s'entendre avec la France (alors encore sous monopole) pour assurer une liaison hertzienne via Cherbourg, ce qui avait contraint la chaîne britannique à mettre au point un système compliqué d'antenne (le SABRE,
    voir ici – pages en anglais) captant l'émetteur UHF de Stockland Hill (Sud-Ouest de l'Angleterre) pour relayer les émissions en couleur nationales du réseau ITV. Par contre, la BBC avait passé un accord avec l'établissement public TéléDiffusion de France, et Cherbourg (très vraisemblablement Digosville, vu la hauteur de son pylône) a servi de d'étape sur le parcours du faisceau hertzien pour relayer BBC1 et BBC2 en couleur PAL entre l'Angleterre et les îles anglo-normandes jusqu'à la mise en service des liaisons satellites dans les années 80.

    Par la suite, l'encombrement des fréquences sera (difficilement) mis à plat pour assurer l'arrivée de la TNT en France comme dans les îles anglo-normandes. Celles-ci, d'ailleurs, prises en enclave entre les émetteurs normands et bretons, et susceptibles de subir des interférences de ceux du Sud de l'Angleterre, ne disposent pas de la totalité des très nombreuses chaînes britanniques du bouquet TNT Freeview. Par contre, Digosville, comme partout ailleurs en France, diffusait dès l'automne 2006 toutes les chaînes numériques prévues au plan national.


    Le centre émetteur T.D.F. de Digosville en décembre 2004
    A gauche les quartiers nord de Cherbourg, et la Manche dans le lointain.
    Document ©TDF (2004)
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    Document ©TDF(2004)
    Cliquer dans l'image ou ici pour l'afficher en très grande taille pour voir tous les détails

    Depuis, politique européenne concurrentielle oblige, c'est la société Towercast qui a remporté le marché local et assure la diffusion de toutes les chaînes à partir d'un pylône autostable en treillis métallique érigé en 2015-2016 à La Cacherie, à moins de 200 mètres de celui de TDF qui ne diffuse plus que les cinq radios FM de Radio-France (Inter, Culture, Musique et Bleu Cotentin).



    Site Towercast de Cherbourg – Digosville, route de la Cacherie.
    Le pylône haut de 118 mètres diffuse désormais tous les multiplex de la TNT
    Document © M. Kevin Eudes et carte-fh.lafibre.info (2016)

    Au Royaume-Uni, pour des raisons techniques, ITV avait été amenée à émettre depuis des sites différents de ceux de la BBC, pour compenser la limite de portée de la bande III par rapport à la bande I de la BBC. Mais par la suite, les deux opérateurs s'étaient entendus pour regrouper à égalité sur un seul site, les émetteurs de toutes les chaînes UHF britanniques.

    En France c'est maintenant exactement l'inverse : de plus en plus, comme nous l'avons vu avec Besançon-Lomont et Argenton-sur-Creuse, et comme nous le verrons très bientôt pour l'intercalaire de Mortain (au sud de ce département de la Manche) on se retrouve avec des dédoublements de pylônes sur un même site d'émission, et parfois même plus lorsque des opérateurs de téléphonie mobile décident d'en faire autant, ce qui ne va pas sans créer des remous parmi les populations locales soucieuses de l'esthétique de leur environnement. Mais le fait est là, l'actuelle société TDF qui a pris la suite de l'ancien établissement public Télé Diffusion de France (héritier de la Régie de Diffusion de l'ex-ORTF), se voit de plus en plus abandonnée par ses concurrents locataires qui préfèrent investir dans leurs propres équipements d'émission à l'esthétique, il faut le reconnaître, assez contestable dans les belles campagnes françaises.


    b) Le Havre - Harfleur

    Comme pour Cherbourg avec l'émetteur du Mont-Pinçon, Le Havre et son agglomération ne pouvaient pas capter correctement l'émetteur des Essarts, notamment à cause de certaines hauteurs dominant les méandres de la vallée de la Seine.


    Après deux ans d'attente, la
    R.T.F. a finalement mis en service le 5 août 1958 sur les hauteurs du quartier de Caucriauville, dépendant alors de Harfleur, à l'est du Havre, un petit "émetteur satellite" de 50 Watts de puissance-crête image avec un pylône haut de 50 mètres, et fonctionnant sur le canal F7-H (vidéo 177,15 MHz – audio 188,30 MHz).

    Un émetteur
    Deuxième Chaîne de 10 kW (soit environ 250 kW de PAR) suivra début 1965 sur le canal 43-H, permettant de compléter la zone de couverture insuffisante en baie de Seine, à la fois de l'émetteur de Rouen sur la rive nord (Le Havre, Sainte-Adresse, Octeville...) et sur la rive sud (Honfleur, Villerville, Trouville) se trouvant en limite de réception de celui du Mont-Pinçon. La puissance de l'émetteur VHF est simultanément portée de 50 à 500 Watts (soit environ 10 kW de P.A.R.) cette même année 1965 :




    Le pylône surmonté de sa nouvelle antenne UHF à partir de 1965
    Photographie originale © Editions CAP
    Cliquer dans l'image ou ici pour l'afficher en très grande taille

    La radio en modulation de fréquence devra attendre jusqu'en 1967 avant que trois émetteurs de 250 Watts soient mis en service sur 88,9 MHz pour
    France-Inter, 93,3 MHz pour France-Culture, et 98,5 MHz en stéréophonie pour France-Musique. Toutefois, la réception des émetteurs du Mont-Pinçon était déjà possible auparavant pour les Havrais s'équipant d'une antenne F.M. extérieure.

    A partir de 1971, à la suite d'une recomposition urbaine, l'émetteur ne se situe plus sur le territoire de la commune d'Harfleur, mais de celle du Havre. L'
    ORTF, puis TéléDiffusion de France, et désormais TDF et le CSA, lui ont néanmoins conservé son appellation d'origine : "Le Havre - Harfleur ".


    Peu après Grand-Couronne, la
    Troisième Chaîne est mise en service par l'ORTF dans le courant du printemps 1974 à Harfleur sur le canal 40-H, suivie en 1976 par TF1 Couleur sur le canal 46-H, à qui la revue professionnelle Antennes de TéléDiffusion de France rendra hommage sur sa page de couverture quelques mois plus tard :




    L'émetteur du Havre a bénéficié de la duplication de TF1 Couleur dès 1976
    Document © TDF (février 1977)


    Au milieu des années 80, Canal Plus émet désormais sur le canal L05-H (vidéo 176 MHz – audio 182,50 MHz) dans l'ancienne bande de fréquences du canal F7 et avec la même polarisation, permettant aux anciennes antennes VHF de capter la nouvelle chaîne. Celle-ci sera suivie par deux émetteurs UHF diffusant La Cinq et M6 respectivement sur les canaux 53-H et 56-H avec 45 kW de P.A.R.

    Plus tard, un émetteur de 20 kW de P.A.R. sur le canal 35-H relaiera pour la rive sud, appartenant au Calavados, France 3 avec l'édition régionale " Basse-Normandie " pour pallier l'insuffisance ou l'absence de signal du Mont-Pinçon dans cette zone. Les émetteurs F.M. de Radio-France seront complétés en 1986 par celui de la nouvelle station Radio France Normandie Rouen sur 95,1 MHz avec des décrochages locaux jusqu'en juin 2015, et par une dizaine de stations locales.

    Notre ami normand14 apporte aussi la précision suivante : "en 1989, tout comme pour la télévision, un émetteur FM (102.2 Mhz) destiné à la diffusion de Radio-France Normandie Caen fut installé. Cet émetteur diffusait donc FR3 Rouen et FR3 Caen ainsi que RF Normandie Rouen et RF Normandie Caen. Situation inchangée à ce jour."



    L'émetteur du Havre sur les hauteurs d'Aplemont, autrefois un quartier de Harfleur
    Document © Martin Watkins (1990)

    Courant 2001, l'ancien pylône autostable a été remplacé par un modèle de même type, mais légèrement plus grand avec une hauteur totale de 132 mètres.
    Voici, prise par notre ami Martin, mw963, une photographie publiée sur le site de M. Thierry Vignaud (cliquer ici pour d'autres photos) avant la "déconstruction" de l'ancien pylône :




    A gauche, l'ancien pylône construit par l'ORTF.
    Noter la plus grande légèreté de structure de son successeur.

    Cliquer dans l'image ou ici pour ouvrir la page du site de M. Thierry Vignaud
    Document © Martin Watkins (2001) et M. Thierry Vignaud

    La TNT est arrivée sur le site de Harfleur dès septembre 2005, permettant la diffusion de toutes les chaînes nationales. Par la suite, la chaîne locale "LCN" (La Chaîne Normande) autorisée en Haute-Normandie par le CSA en 2011 n'a pu jusqu'à présent trouver place au Havre, la dernière fréquence disponible ayant été préemptée par France 3 pour continuer le relais, à destination de la rive gauche de la baie de Seine, de son édition régionale de Caen.




    Le centre émetteur
    T.D.F. de Harfleur en décembre 2004

    Document ©TDF (2004)
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    Document ©TDF (2004)
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    Document © M. X. Boudou et carte-fh.lafibre.info (2017)
    Cliquer dans l'image ou ici pour l'afficher en très grande taille pour voir tous les détails

    A ce jour, tous les opérateurs exploitant les divers multiplex de la TNT utilisent le site de Harfleur. Contrairement à Digosville, il n'y a pas à ce jour de nouveau pylône construit ou projeté par un concurrent de
    TDF au Havre.


    4) Les intercalaires normands

    a) Neufchâtel-en-Bray - Croixdalle

    Dans les années 60 et le début des années 70, la couverture de l'émetteur UHF de Rouen Grand-Couronne / Les Essarts était très insuffisante voire inexistante dans le nord et le nord-est du département de la Seine-Maritime, partiellement desservis par ceux d'Abbeville-Limeux et d'Amiens Saint-Just en Chaussée diffusant par ailleurs les émissions régionales d'Amiens.

    Un centre intercalaire avec pylône tubulaire de 200 mètres fut donc construit et mis en service en 1976-1977 sur les hauteurs de la forêt de La Verrerie du Hellet,
    dans le secteur très vallonné de Croixdalle à quelques kilomètres au nord-ouest de Neuchâtel-en-Bray, diffusant Antenne 2 et FR3 Haute-Normandie respectivement sur les canaux 48-H et 54-H avec une puissance crête-image de 4 kW (soit 100 KW de P.A.R. à l'époque). Jusqu'à la mise en service en 1978 de l'émetteur de TF1 Couleur avec cette même puissance sur le canal 51-H, TF1 fut provisoirement difffusé en "hybride" (819 lignes UHF) sur le canal 65-H avec une puissance crête-image de 250 Watts (soit environ 5 kW de P.A.R.). Par la suite, la puissance apparente rayonnée de ce canal 65 fut portée à 10 kW lors de sa réaffectation à la diffusion de Canal Plus au milieu des années 80.

    Le centre fut aussi complété peu après par deux émetteurs UHF de même puissance (10 kW P.A.R.) relayant La Cinq et M6 respectivement sur les canaux 34-H et 31-H.

    Comme tous les centres intercalaires de même type, Neuchâtel-en-Bray s'est vu aussi attribuer des émetteurs radio FM diffusant France Inter (92,7 MHz), France Culture (96 MHz), France Musique (90,2 MHz) complétés plus tard par celui de Radio-France Haute-Normandie (101,6 MHz) avec une même P.A.R. actuelle de 5 kW, puis par une demi-douzaine de radios privées limitées, elles, à 500 Watts de P.A.R. :




    Document © Martin Watkins (2004)
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    Neufchâtel-en-Bray est passé à la TNT en octobre 2006 et diffuse, outre les multiplex nationaux, la station locale
    "LCN" (La Chaîne Normande) basée à Rouen.




    Document ©
    Martin Watkins (2004)
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    Dans une forêt à 200 mêtres d'altitude, le centre intercalaire de
    Neufchâtel-en-Bray - Croixdalle et son pylône de même hauteur

    Document ©TDF (2004)
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    Document ©TDF (2004)
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    b) Alençon - Mont d'Amain

    Dans la même situation qu'à Neufchâtel-en-Bray, Alençon et ses environs, encaissés dans les montagnes du Perche, se trouvaient hors de portée confortable des émissions UHF à la fois du puissant émetteur de Mayet, au sud du Mans, et de celui du Mont-Pinçon diffusant par ailleurs les émissions régionales de Caen couvrant l'actualité de l'Orne.

    L'ORTF entreprit donc la construction et la mise en service, en 1971, d'un émetteur intercalaire destiné à couvrir correctement ce département depuis les hauteurs des Monts d'Amain, à la fois en radio FM et en télévision UHF. Le choix se porta sur le lieu-dit "Les Champs Gassiers" à 300 mètres d'altitude sur la commune de Brullemail, à 30 km au nord-est d'Alençon :



    Vue satellite de l'émetteur intercalaire TDF d'Alencon Mont d'Amain
    Document © IGN - Géoportail - Collection Coplan


    Comme pour presque tous les émetteurs de cette époque la technologie du mât tubulaire fut retenue avec un pylône de 200 mètres accueillant un émetteur Deuxième Chaîne de 4 kW de puissance crête-image (soit 100 kW de PAR) sur le canal 51-H, et trois émetteurs radio à modulation de fréquence de 2kW diffusant France-Inter sur 93 MHz, France-Culture sur 88 MHz et France-Musique en stéréophonie sur 91 MHz.



    L'émetteur d'Alençon Mont d'Amain à ses débuts dans les années 70.
    Les antennes FM n'ont pas été encore posées sur le pylône.
    Document © Delcampe.net

    Le centre, trop éloigné d'Alençon (30 km) n'a pas été retenu pour relayer la station locale France Bleu Normandie (Calvados, Orne) sur 101,6 MHz limitée à 500 Watts de PAR, TDF ayant préféré créer un nouveau site à Valframbert, plus proche de la ville d'Alençon. Il en est de même pour les stations privées, trop limitées elles aussi en PAR, pour lesquelles ce diffuseur exploite un autre site à Saint-Barthélémy, au sud de l'agglomération.

    FR3 avec son édition régionale Basse-Normandie fut mise en service vers 1976 sur le canal 54-H, suivie en 1978 par TF1 Couleur, toutes deux avec la même puissance de 4 kW crête-image.

    A la fin de l'été 1989, deux émetteurs de 1 kW crête-image complétaient les équipements UHF avec La Cinq sur le canal 42-H et M6 sur le canal 45-H. En raison de la multiplication de ces nouveaux émetteurs initialement non prévus par les accords internationaux, leur puissance apparente rayonnée étaient limitée à 12 kW tandis que celles du "triplet" étaient abaissées à 40 kW de PAR.


    En juin 2006, le site est passé au numérique avec la diffusion de toutes les chaînes nationales. Il n'y a aucune chaîne locale sur la TNT dans ce département.




    Le centre émetteur lors du passage à la TNT en juin 2006
    Document ©
    TDF (2006)
    Cliquer dans l'image ou ici pour l'afficher en très grande taille pour voir tous les détails





    Document ©TDF (2006)
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    c) Mortain Grand-Fontaine,
    Mortain Roche-Plate et Mortain Bocage

    - TDF Mortain Grand-Fontaine

    Encaissé lui aussi dans une petite vallée située à mi-chemin entre les émetteurs du Mont-Pinçon et de Rennes Saint-Pern, à une trentaine de kilomètres à l'est d'Avranches et de la baie du Mont Saint-Michel, le secteur de Mortain reçoit mal ou pas du tout les émissions UHF (et en couleurs) de la Deuxième Chaîne.

    Comme pour Neufchâtel-en-Bray et Alençon, Télé Diffusion de France décide donc d'y implanter, au lieu-dit "Grand-Fontaine" en 1975-1976, un petit émetteur dont le mât en treillis métallique haubané se limitera à une hauteur de 100 mètres, soit la moitié de ceux habituellement construits en tubulaire pour les intercalaires à cette époque :




    L'émetteur intercalaire TDF de Mortain Grand-Fontaine
    Document © Google Street View
    Cliquer dans l'image ou ici pour l'afficher en très grande taille pour voir tous les détails

    Deux émetteurs UHF de 500 Watts de puissance apparente rayonnée (soit environ 10 kW de PAR)
    sont mis en service en février 1976 (voir l'intéressant article de la revue Antennes dans le message ci-dessous de kiki37) pour diffuser Antenne 2 sur le canal 52-H et FR3 avec les émissions régionales de Basse-Normandie sur le canal 55-H. Ils seront suivis en septembre 1978 par un autre dupliquant TF1 Couleur sur le canal 55-H.

    Dans le milieu des années 80, le site se trouvant à proximité de la ville de Mortain, un petit émetteur de 700 Watts de puissance apparente rayonnée lui était attribué pour diffuser M6 sur le canal 58-H. L'encombrement des fréquences lié à la proximité des îles anglo-normandes et des émetteurs du Mont-Pinçon, de Rennes Saint-Pern et de Laval Mont-Rochard ne laissait plus de place pour un émetteur plus puissant, ni même pour un autre de faible puissance pour La Cinq.

    - ITAS-TIM Mortain Roche Plate

    Au printemps 2008 ce site TDF passait à la TNT, diffusant l'ensemble des multiplex nationaux jusqu'à 2014-2015, date à laquelle a été mis en service à proximité, de l'autre côté de la route, un pylône ITAS-TIM autostable de taille quasi-identique (106 mètres) diffusant le multiplex R6 sous l'appellation "Mortain - Roche Plate" :



    Vue satellite du site "Mortain - Bocage"
    En haut, le nouveau pylône autostable
    ITAS-TIM de Roche-Plate
    En bas, le pylône haubané de
    TDF Grand-Fontaine
    Les deux sites sont éloignés de moins de 150 mètres

    Document © Google Street View

    - Mortain Bocage

    Depuis, en 2016, TDF a pris le contrôle de ce concurrent, ce qui a amené l'ARCEP (autorité de contrôle des télécommunications) a considérer désormais TDF et ITAS-TIM comme étant toutes deux l'opérateur historique. Depuis ce rachat d'ailleurs, les deux pylônes continuent de fonctionner simultanément sous l'appellation "Mortain - Bocage". Aucune télévision locale n'est par ailleurs disponible dans ce secteur sur la TNT.


    Prochaine étape : la Bretagne
    (Rennes - Saint-Pern, Brest - Roc Trédudon, Vannes - Moustoir-Ac)

    Dernière modification par kiki37 ; 13/07/2022 à 13h49.
    Colorix
    Louis Marie Foratier

    -------
    décédé en janvier 2020

  5. #5
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    novembre 2017
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    Pour Cherbourg-Digosville:
    L'émetteur FM fut mis en service pour permettre de diffuser Radio-Cherbourg en décrochage de France-Inter.

    Radio-Cherbourg fut inauguré le 6 janvier 1966 en même temps que la station régionale de l'Ortf de Caen. De ce fait l'émetteur de Caen-Mont Pinçon cessa ce jour-là de transmettre les actualités régionales réalisées depuis Rouen pour diffuser celles produites par la station de Caen. Un faisceau hertzien fut mis en place entre la station installée à Saint-Contest dans la banlieue de Caen et le Mont-Pinçon.
    https://france3-regions.francetvinfo...ns-898401.html
    https://www.ouest-france.fr/normandi...issait-3962087
    Dernière modification par normand14 ; 22/10/2018 à 18h24.

  6. #6
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    novembre 2017
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    11
    Pour Le Havre-Harfleur:
    En 1989, tout comme pour la télévision, un émetteur FM (102.2 Mhz)destiné à la diffusion de Radio-France Normandie Caen fut installé. Cet émetteur diffusait donc FR3 Rouen et FR3 Caen ainsi que RF Normandie Rouen et RF Normandie Caen. Situation inchangée à ce jour.

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