3) Emetteurs intercalaires UHF en Bourgogne
L'emplacement du site et la hauteur du pylône de Nuits-Saint-Georges limitée à 150 mètres, ainsi que le "triplet" de canaux 59-62-65 (les plus élevés dans la bande V et donc les plus limités en portée optique) ne permettaient pas une couverture complète de la vaste région Bourgogne s'étendant du sud de l'Ile-de-France au nord du Rhône-Alpes et des rives de la Loire aux contreforts du Jura.
En VHF les zones les plus éloignées de Dijon se trouvaient donc, par la force des choses, mieux couvertes par la Tour Eiffel et Les Riceys dans l'Yonne, par Neuvy-Deux-Clochers dans la Nièvre et par le Mont-Pilat en Saône-et-Loire, avec les journaux régionaux de Paris, Reims, Orléans ou Lyon. C'était, on l'a vu, dû au fait que le réseau "Première Chaîne" de l'ORTF avait été conçu pour couvrir un maximum de monde avec un minimum d'émetteurs. De plus, la véritable régionalisation n'intervenant que bien plus tard (années 70-80), les journaux régionaux inaugurés l'un après l'autre par le ministre de l'Information Alain Peyrefitte entre 1963 et 1965 tenaient eux-mêmes compte de la zone de couverture de l'émetteur qui les diffusait (et souvent les hébergeait).
Jusqu'à l'arrivée de la "Deuxième Chaîne" permettant une diffusion différente simultanée, on se retrouvera donc dans certains cas, avec des éditions hétéroclites comme au Mans ("Maine-Anjou-Touraine-Perche") ou même en alternance (Bordeaux "Aquitaine" et Toulouse "Midi-Pyrénées" devant se partager le Pic du Midi, leurs émetteurs locaux de Bouliac et Pechbonnieu ne couvrant que des zones limitées).
En UHF, la portée plus réduite qu'en VHF sur Nuits-Saint-Georges oblige donc l'ORTF à construire des émetteurs intercalaires qui permettront au journal régional "Bourgogne-Actualités" d'être enfin visible dans toute la région, désormais "Circonscription d'Action Régionale" et préfiguration de la future région qui sera créée par la loi de décentralisation Defferre en 1983. Ce réseau complémentaire arrange donc tout le monde : techniciens et journalistes ORTF, téléspectateurs et... politiciens et décisionnaires en région.
a) Sens Gisy-les-Nobles
D'une puissance de 4 kW crête-image, soit 45 kW de puissance apparente rayonnée (P.A.R.) en télévision avec un triplet de canaux 57-60-63, son pylône de 200 mètres mis en service en 1967 diffuse la "Deuxième Chaîne" en couleurs sur le canal 63-H, avec relais du journal "Bourgogne Actualités" (en noir et blanc pour longtemps) pour les habitants de l'Yonne et du nord de la Côte-d'Or.
Trois émetteurs radio FM de 2 kW lui sont adjoints en 1968 pour diffuser France Inter (avec décrochages régionaux ORTF Bourgogne), France Culture et France Musique.
Par la suite, FR3 puis TF1 Couleur arriveront respectivement en 1976 et à la mi-1980 sur les canaux 60 et 57-H.
Fait rare pour un intercalaire initialement prévu uniquement pour l'UHF et la FM, à Gisy-les-Nobles on installera ensuite au milieu des années 80, un émetteur VHF de 100W (1,38 kW PAR) en norme L' sur le canal 05-H pour diffuser Canal Plus.
Il remplace avec une plus grande portée, un réémetteur 819 lignes de même puissance situé au Bois de Chamonat, dans la commune de Saint-Clément, à 6 km au Nord-Est de Sens, qu'il desservait sur le canal F11-V :
Haut d'une soixantaine de mètres, le pylône TDF actuel
du Bois de Chamonat diffuse désormais des radios FM
privées sur l'agglomération de Sens avec 1 kW de PAR.
© Google Street View
Dans les années 60, ce site émettait en 819 lignes sur le canal F11-V
avec une puissance crête-image de 40 W, portée ultérieurement à 100W
pour une réception dans cette même agglomération de SENS.
© Google Street View
A Gisy-les-Nobles, deux autres émetteurs UHF de 4 kW, diffusant respectivement La Cinq et M6 sur les canaux 47 et 44-H seront mis en service en 1987.
Sa zone de diffusion débordant sur le sud des départements de la Seine-et-Marne et de l'Aube, Gisy-les-Nobles se verra par la suite attribuer un émetteur de 2 kW (20 kW PAR) relayant FR3 Paris Ile de France sur le canal 50-H et un autre de 1,5 kW (15 kW de PAR) reprenant FR3 Champagne-Ardenne sur le canal 65-H lorsque TF1 et Antenne 2 ne seront plus tenues de diffuser les "actualités régionales".
Ce sont donc en tout huit émetteurs analogiques qui trouveront place dans ce centre intercalaire : cinq UHF de 4kW, un de 2 kW et un de 1,5 kW, ainsi qu'un VHF de 100 W en bande III. Ils seront tous éteints en 2010, deux ans après l'arrivée de la TNT.
Le centre intercalaire de Gisy-les-Nobles à l'époque de l'analogique.
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Document © Martin Watkins
Gisy-les-Nobles était peut-être le seul intercalaire à émettre aussi en VHF
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Document © Martin Watkins
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