Une anecdote authentique :
Lorsque le petit émetteur provisoire de Nantes Haute-Goulaine (50 Watts) a été mis en service en 1957 avec un pylône d'environ 50 m de hauteur...
... un des tout premiers antennistes nantais a reçu une commande très particulière d'un vieux Monsieur (toi tu dirais, comme dans votre fameux film The Railway Children : "an old Gentleman"), un riche Parisien descendant régulièrement dans sa propriété du nord de la Vendée, à Mortagne-sur-Sèvre exactement, très au-delà de la portée maximale du petit émetteur provisoire :
De plus, cette localité (en bas à droite sur la carte, près de Cholet) est dans la vallée de la Sèvre, donc cela compliquait encore plus les choses.
Mais le vieux Monsieur insista : "vous mettez ce qu'il faut, vous y mettez le prix, mais je veux absolument avoir pour Noël un téléviseur avec une image, même mauvaise, mais qui reçoive quand même quelque chose. Ma propriété est à votre disposition, y compris le parc et les dépendances!".
Et c'est ainsi que, après bien des soucis, les deux techniciens (qui m'ont raconté cela bien des années après) ont installé, sur la partie le plus élevée du parc, au sommet d'une petite colline, un petit mât avec 4 antennes 4 éléments Bande I (canal F4) en polarisation verticale, couplées par deux et soigneusement décalées pour limiter les effets de fading, reliées au salon du vieux monsieur par environ 100 ou 150 mètres (!) de coaxial fixé à des poteaux comme une ligne téléphonique, avec cinq ou six amplificateurs d'antenne à lampes (!) régulièrement espacés, protégés des intempéries au sommet des poteaux qui supportaient aussi, quelques mètres en-dessous, une ligne électrique 220V alimentant ces amplis !
"Et ça a marché !" m'ont dit en riant les deux techniciens : "l'image était horrible, neigeuse, moirée, elle dansait en fonction de bien des facteurs : la distance énorme pour un signal aussi faible, le fading, la pluie, le vent faisant bouger les antennes malgré les fixations, ou même seulement les branches d'arbres, le son avait un souffle énorme, il était parfois à peine audible, mais quand il a vu le résultat il s'est installé dans son fauteuil devant le poste, ravi."
Et il leur a expliqué la raison de tout ce cirque :
"Mes amis parisiens me tannent depuis des années, quand je les invite à venir passer Noël ici, ils me disent qu'ils n'y viendront que quand j'aurai la télévision.
Voilà, c'est fait, j'ai la télévision, je vais pouvoir organiser une belle petite fête !"
La facture était évidemment très grosse (il l'a payée sans sourcilier), les invités très déçus de la piètre qualité des images, mais... il avait la télévision !
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