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Vue hybride

  1. #1
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    juillet 2013
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    Antennes d'émission TV en France dans les années 50-60 : le 819 lignes aussi en Belgique

    De l'autre côté de la frontière ("Outre-Quiévrain"), la télévision lilloise fit la conquête de nombreux téléspectateurs belges, autant en Wallonie qu'en Flandre grâce à ses émissions régionales dans les deux langues.

    Bien que l'I.N.R. (Institut National de Radiodiffusion) belge n'ait pas encore arrêté ses choix en normes techniques, il était évident que pour les belges francophones le 819 lignes s'imposait de lui-même. Mais, très rapidement, il n'en allait pas de même pour les néerlandophones lorsque la télévision hollandaise, captée dans presque toute la Flandre fit ses débuts en 625 lignes le 2 octobre 1951.

    Il fallait trouver un compromis pour satisfaire tout le monde, et c'est ainsi que sont nées deux normes que seule la définition différenciait : le "819 lignes belge" (ou "819 lignes à bande étroite", norme F) pour les émissions en français, et le "625 lignes belge" (norme C). Pour le reste, la polarité vidéo était positive et le son en modulation d'amplitude, comme en France.

    Les premières émissions seront expérimentales et d'abord réalisées en circuit fermé depuis deux studios de radio reconvertis, pour chacune des deux langues, dans l'immeuble de la place Flagey à Bruxelles, qui héberge à la fois l'I.N.R. francophone et le N.I.R. (Nationaal Instituut voor de Radio-Omroep) néerlandophone :




    Années 50 : le logo bilingue français-flamand (INR-NIR) de
    l'Institut National de Radiodiffusion belge, ancêtre commun
    aux actuelles RTBF francophone et VRT néerlandophone.
    Document © ouderadio.be


    Dans le même temps, le dôme du Palais de Justice de Bruxelles reçoit des nappes d'antennes bande III orientées vers le Beffroi de Lille pour assurer, le 2 juin 1953, le relais du Couronnement d'Elizabeth II en direction des Pays-Bas et de l'Allemagne de l'Ouest :

    1ère étape : la pose des antennes d'émission provisoire sur le Dôme du Palais de Justice de Bruxelles en 1953 (captures vidéo) :




    Les antennes captant l'émetteur R.T.F. de Lille-Beffroi
    sur le Dôme du Palais de Justice de Bruxelles
    Document © Sonuma (INA belge)




    L'échafaudage pour la pose de l'antenne émettrice
    Document © Sonuma (INA belge)

    Les ouvriers posent l'antenne d'émission super-tourniquet en Bande III :





    1953 - 1958, les cinq premières années de la télévision en Belgique.
    Après les débuts expérimentaux au Palais de Justice de Bruxelles,
    les deux chaînes s'équipent de puissants émetteurs régionaux.
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    Document © Sonuma (INA belge)




    Capture d'écran vidéo © Sonuma (INA belge)

    Grâce à cette installation provisoire, la Belgique, qui devait initialement se limiter au relais
    du signal de Lille vers les Pays-Bas et l'Allemagne, va pouvoir diffuser elle aussi le Couronnement d'Elizabeth II et faire partie des premiers pays participant à cette toute première Eurovision du 2 juin 1953.

    Cette double installation provisoire (une francophone, une néerlandophone) va durer du 31 octobre 1953, date officielle du lancement de la "Télévision Expérimentale Belge", jusqu'à l'Exposition Universelle de 1958. Les deux émetteurs du Palais de Justice, d'une puissance apparente rayonnée de 1 kW, sont reçus par environ 6500 téléviseurs dans un rayon d'environ 40 km autour de la capitale.

    Le N.I.R. émet en 625 lignes sur le canal E10-H en norme C, qui n'a avec la norme B, celle des pays voisins (Pays-Bas, R.F.A.), que la définition et les fréquences d'émission en commun.

    L'I.N.R. émet en 819 lignes à bande étroite sur le canal E8-H en norme F, qui sera d'ailleurs reprise par Télé-Luxembourg en 1955 (nous y reviendrons dans l'étape consacrée à la Lorraine).

    Affectant la qualité de l'image vidéo, ce choix d'un canal de 7 MHz au lieu de 14 MHz est justifié par le fait de la coexistence forcée des deux chaînes nationales belges qui, même si elles ne sont diffusées chacune que dans leur zone linguistique respective, doivent néanmoins cohabiter dans plusieurs zones de réception commune, mais aussi avec les chaînes étrangères reçues en de nombreux endroits de Belgique : la France au sud, l'Allemagne de l'Ouest (puis le Luxembourg) à l'est, les Pays-Bas au nord, et même la BBC et ITV sur la côte belge.

    Ceci a pour résultat de généraliser assez rapidement les récepteurs multistandards, certes très coûteux ("les plus chers du monde" diront les Belges) mais donnant, déjà, un choix important de programmes là où la plupart des pays voisins ne disposent que d'une seule chaîne.

    Progressivement le réseau va s'étendre, avec trois "grosses" stations principales près de Bruxelles pour les deux chaînes, à Liège pour l'I.N.R. et près d'Anvers et Gand pour le N.I.R., ainsi que l'on a pu le voir dans la vidéo qui précède :


    2ème étape : Wavre - Overijse remplace le Palais de Justice en 1958 :




    Le pylône autoporteur de Wavre diffuse désormais
    les deux programmes belges du haut de ses 145 mètres
    Capture d'écran vidéo © Sonuma (INA belge)





    Les antennes de 100 kW PAR. Noter la différence des panneaux en
    fonction des diagrammes de rayonnement, différents selon la chaîne.
    Canal E8-H émissions françaises en 819 lignes vers l'est et le sud (Wallonie)
    Canal E10-H émissions flamandes en 625 lignes vers le nord et l'ouest (Flandre)
    Capture d'écran vidéo © Sonuma (INA belge)


    Liège - Ougrée (Wallonie - 1958) :




    A gauche sur le château d'eau, l'ancien émetteur provisoire du Bol d'Air, de 1954.
    Au pied du nouveau pylône, des antennes qui seront posées à son sommet.
    Capture d'écran vidéo © Sonuma (INA belge)




    Le nouveau pylône liégeois avant la pose de ses antennes
    Capture d'écran vidéo © Sonuma (INA belge)





    Le montage de l'antenne Super-tourniquet bande I (canal E3-H)
    Capture d'écran vidéo © Sonuma (INA belge)



    Capture d'écran vidéo © Sonuma (INA belge)


    Aalter / Ruiselede près de Gand et Bruges (Flandre - 1958) :




    La base du pylône autoporteur de Aalter - Ruiselede
    Capture d'écran vidéo © Sonuma (INA belge)





    Les imposantes antennes bande I (canal E2-H - 100 kW PAR) en attente de montage
    Capture d'écran vidéo © Sonuma (INA belge)





    Capture d'écran vidéo © Sonuma (INA belge)

    Ces émetteurs principaux seront par la suite complétés par des stations de moindre puissance, notamment à Anlier près d'Arlon et de la frontière avec le Luxembourg, sur le canal E11-H (10 kW PAR) ou Froidmont près de Tournai et de Lille, sur le canal E7-V (2 kW PAR).

    Dès 1965, ainsi que le confirme le World TV Radio Handbook de 1966, la R.T.B. abandonne le 819 lignes pour le 625 lignes norme C déjà utilisé par la B.R.T. flamande (Belgische Radio en Televisie - Radio Télévision Belge). Toutefois, elle continue de relayer des émissions de la Première Chaîne ORTF en 819 lignes sans les convertir, ce qui amènera les constructeurs de téléviseurs à mettre au point un système de "bascule" automatique de définition pour éviter aux téléspectateurs de se lever pour aller à chaque fois changer celle-ci sur leur téléviseur non muni d'une télécommande avec changement de lignage.

    L'arrivée de la couleur (système PAL) a lieu le 1er janvier 1971 sur un nouveau réseau UHF en norme H, le réseau VHF norme C continuant d'émettre en noir et blanc jusqu'en 1977 du fait de l'incompatibilité de ses caractéristiques pour diffuser le système PAL. Le réseau UHF sera alors étendu et transformé en deuxième programme sous le nom de RT-Bis, en fait sous la forme de dédoublement des soirées avec la chaîne VHF certains jours de la semaine, pour devenir par la suite une chaîne nouvelle à part entière sous le nom de Télé 2 puis de Télé21.

    Le reportage ci-dessous, réalisé le 22 mai 1964 par la R.T.B. (Radio Télévision Belge, héritière de l'I.N.R. en 1960) nous montre, sans le savoir, un "nouveau métier" qui ne fera pas long feu : les installateurs d'antennes, sollicités par des Belges avides de nouveaux programmes, risquent souvent leur vie en érigeant des équipements de taille impressionnante. Ils ignorent à cette date que la télédistribution chassera bientôt des toits toutes ces antennes, en se généralisant très rapidement dans tout le pays :


    Un reportage original de la R.T.B. sur les installateurs d'antennes
    en 1964. Ceux-ci ignorent que dans peu de temps la télédistribution
    va les chasser des toits en se généralisant dans toute la Belgique.
    Cliquer sur l'image ci-dessus pour voir la vidéo
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    pour la visionner depuis le disque dur de votre ordinateur
    Document © Sonuma (INA belge)

    Apparue à Liège dès 1962, la télédistribution désormais universelle en Belgique a chassé les nombreux râteaux des toits et normalisé la réception de toutes les chaînes, particulièrement nombreuses.

    Témoin cette "Rue de la Porcelaine" à Anderlecht, vue avec 60 ans d'écart...




    "Rue de la Porcelaine" à Anderlecht, dans la banlieue sud de Bruxelles.
    Carte postale de 1953 env. lorsque la
    RTF de Lille était reçue depuis 1950
    avec des antennes
    "grande distance" (notamment la "Yagi double nappe"
    à gauche) tandis que les petites captaient l'
    INR émis du Palais de Justice.

    Document © Delcampe.net




    Cette même rue d'Anderlecht soixante ans après, en 2013. Elle n'a pas
    beaucoup changé (voir la vieille palissade de bois au premier plan !),
    si ce n'est la disparition de toutes les antennes sur les toits... Le câble,
    universel en Belgique, les a chassées du paysage dès les années 60.

    Document © Google Street View


    ... et cette "Rue de la Douane" marquant la frontière franco-belge dans l'agglomération d'Halluin :




    Halluin: la "rue de la Douane" marque la frontière entre la Belgique à gauche et la France à droite.
    Impossible de se tromper : aucune antenne râteau à gauche, et une haute forêt à droite.
    Seule exception côté belge, une parabole vraisemblablement utilisée pour capter
    de rares chaînes étrangères non disponibles en télédistribution.
    Cliquer dans l'image ou
    ici pour l'afficher en grande taille
    Document © Google Street View


    les normes de la télévision belge en 1952 ► sous ce lien
    Dernière modification par kiki37 ; 08/04/2022 à 19h05.
    Colorix
    Louis Marie Foratier

    -------
    décédé en janvier 2020

  2. #2
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    Citation Envoyé par Colorix Voir le message
    Bouvigny-Boyeffles, surmonté de sa nouvelle antenne UHF en 1964 :



    L'émetteur de Bouvigny sera complété, pour ses émissions en UHF, par des émetteurs "intercalaires" comme celui-ci, sur le Mont des Cats près de Dunkerque...



    ... et au Mont-Lambert, près de Boulogne (qui complétait déjà la zone de réception de la "Une" sur le canal 4-V en bande I depuis septembre 1959), mais aussi à Maubeuge (Rousies), Valenciennes (Marly) et, pour le programme régional d'Amiens, à Hirson (Landouzy) et à Abbeville (Limeux).

    Tous ces émetteurs "intercalaires" sont uniquement équipés pour la radio FM et la TV en UHF. Leurs emplacements sont soigneusement choisis pour "coller" au mieux avec les limites administratives qui aboutiront un jour à nos actuelles régions, et pour lesquelles l'ORTF a mis progressivement en place des C.A.T. (Centres d'Actualités Télévisées) dont ces émetteurs assureront une couverture optimale, tandis que les grands centres VHF comme Bouvigny avaient eu pour objectif premier de couvrir un maximum de population avec la plus grande zone de réception possible.

    A la fin des années 80, la proximité de la Belgique prévoyances obsèques, de l'Angleterre et des Pays-Bas a empêché Bouvigny d'accueillir des émetteurs pour la Cing et TV6 (puis M6), qui durent se contenter longtemps d'un émetteur local à Lambersart, limité à l'agglomération lilloise.

    Depuis, le passage au tout numérique a permis à la station de bénéficier du même nombre de chaînes que les autres grands centres émetteurs de province.

    Quant à la Picardie, elle possède ses propres émetteurs depuis 1969 à Saint-Just en Chaussée pour couvrir l'Oise et la Somme, à Limeux pour la région d'Abbeville, et, pour l'Aisne, à Hirson Ladouzy mais aussi à Villers-Cotterets (Fleury) le tout premier émetteur UHF français à utiliser la polarisation verticale.

    Dans le prochain article, nous partirons pour l'Alsace, dont le tout premier émetteur, provisoire, a fêté ses 60 ans le 30 septembre dernier. Bien que nous disposions de moins d'illustrations et de détails, nous découvrirons pourquoi la priorité a été donnée à cette région plutôt qu'à Lyon, initialement prévue pour le troisième émetteur français, mais qui dut attendre un an de plus pour bénéficier de la télévision.

    C
    olorix
    C'est vrai que le satellite a bien fait évoluer le monde de l'audiovisuel. Et tout le monde se met au câble actuellement.

  3. #3
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    mars 2014
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    3 055
    Citation Envoyé par anaisac25 Voir le message
    C'est vrai que le satellite a bien fait évoluer le monde de l'audiovisuel. Et tout le monde se met au câble actuellement.
    Au câble, actuellement ???
    A moins d'inclure l'ADSL et la fibre optique dans cette appellation, le câble (coaxial) est plutôt en perte de vitesse !

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