3) Cherbourg - Digosville et Le Havre - Harfleur
Autant en baie de Seine qu'à l'extrémité de la pointe du Cotentin, les émissions de Grand-Couronne comme celles du Mont-Pinçon ne parviennent que très difficilement, voire pas du tout dans ces secteurs en bord de mer.
Aussi la R.T.F. décide-t-elle de construire deux émetteurs de faible puissance destinés à compléter ces couvertures insuffisantes dans les zones de Cherbourg et du Havre-Honfleur.
Toutefois, en cette deuxième moitié des années 50, la conjoncture économique est très défavorable pour les déblocages de crédits destinés à l'achat de nouveaux émetteurs. L'Ouest est en première ligne dans cette période de vaches maigres, nombreux sont ses futurs émetteurs de grande puissance qui voient leurs délais de mise en route reportés de un ou deux ans. Le bal commence avec les deux sites de Cherbourg-Digosville et Le Havre-Harfleur, qui devaient être initialement mis en route dans la foulée de ceux de Caen et Rouen, mais ils devront finalement attendre l'été 1958, avec le 27 juillet pour Cherbourg et le 5 août pour Le Havre.
a) Cherbourg - Digosville
C'est donc dans le petit village de Digosville (le "s" ne se prononce pas), au lieu-dit Le Hameau Giot sur la Lande Panverse, à 5 km au nord-est de Cherbourg, qu'est construit un petit pylône en treillis métallique haubané de 80 mètres seulement pour assurer une réception correcte dans cette zone hors de portée du Mont-Pinçon, distant de 100 km et dont le signal est affaibli par les collines encadrant la vallée de la Divette.
Le canal F12-H (vidéo 212,85 MHz, audio 201,70 MHz) avait été retenu avec une puissance-crête image de 500 Watts, soit environ 10 kW de P.A.R.
Par la suite, occupant cette même bande de fréquences et malgré leur voisinage relatif, les émetteurs I.T.V. de Chillerton Down (canal B11-V) sur l'île de Wight dès 1959, et de Caradon Hill (canal B12-V) dans le Devon en 1960, n'allaient pas apporter de soucis marquants, notamment grâce à leurs diagrammes de rayonnement très limités vers le continent, mettant la pointe du Cotentin à l'abri des interférences subies par les usagers du Mont-Pinçon.
Courant 1966, un émetteur Deuxième Chaîne de 2 kW (soit 50 kW de P.A.R.) était mis en service sur le canal 59-H et l'année suivante, un premier petit émetteur radio F.M. diffusait France-Inter pour l'agglomération de Cherbourg sur 94,15 MHz avec 50 Watts de puissance, celle-ci étant portée à 250 Watts (soit environ 5 kW de P.A.R.) courant 1968, au côté de deux autres émetteurs de mêmes caractéristiques diffusant France-Culture sur 89,2 MHz et France-Musique sur 92,35 MHz avec une zone de réception à peu près identique à celle des deux émetteurs de télévision.
Merci à notre ami normand14 qui nous apporte également les précisions suivantes : " L'émetteur FM fut mis en service pour permettre de diffuser Radio-Cherbourg en décrochage de France-Inter. Radio-Cherbourg fut inauguré le 6 janvier 1966 en même temps que la station régionale de l'ORTF de Caen. De ce fait l'émetteur de Caen-Mont Pinçon cessa ce jour-là de transmettre les actualités régionales réalisées depuis Rouen pour diffuser celles produites par la station de Caen. Un faisceau hertzien fut mis en place entre la station installée à Saint-Contest dans la banlieue de Caen et le Mont-Pinçon.
https://france3-regions.francetvinfo...ns-898401.html
https://www.ouest-france.fr/normandi...issait-3962087 "
La puissance des émetteurs UHF sera doublée (4 kW crête-image, soit 100 kW de P.A.R. environ) lors de la mise en service d'un second émetteur en 1976 sur le canal 62-H pour FR3, suivi en 1978 par celui de TF1 Couleur sur le canal 65-H. Canal Plus suivra au milieu des années 80 en 625 lignes SECAM sur le canal L06-H (vidéo 191,25 MHz – audio 197,75 MHz). Alors qu'en général on s'efforçait de rester dans la même bande de fréquences que l'ancien réseau 819 lignes, ici à cause de l'écart important de fréquence vidéo avec l'ancien canal F12 du 819 lignes, certains téléspectateurs, notamment abonnés à la chaîne, ont pu être amenés à devoir remplacer leur antenne Bande III.
Dans le milieu des années 80, Digosville reçoit deux émetteurs UHF d'une puissance de 1 kW crête-image environ (soit 20 kW P.A.R.) sur les canaux 35-H pour La Cinq et 37-H pour M6.
Malgré d'intenses recherches menées sur plusieurs semaines, il n'a pas été possible (comme cela avait déjà été le cas pour Dijon Nuits St-Georges et Besançon-Lomont) de trouver une seule illustration de cet émetteur avant 1986. C'est en effet à notre ami Martin, mw963, que nous devons ces photographies du site lors du remplacement de son pylône en 1986, qu'il nous a gentiment mis a disposition comme il l'avait fait pour le site de M. Thierry Vignaud. En retouchant l'une d'entre elles, comme cela a été fait précédemment pour le Lomont dans des conditions identiques, voici l'aspect que devait avoir le pylône à ses débuts en 1958 :
Les antennes 819 lignes du canal F12, au sommet du mât, étaient légèrement moins grandes que
celles de Canal Plus (canal L06) visibles sur cette retouche de la photographie originale prise par
notre ami mw963 en 1986 lors du remplacement de ce pylône, et visible après celle ci-dessous.
Document retouché à partir du cliché original © Martin Watkins (1986)
Et voici à quoi il ressemblait réellement en 1986 après l'arrivée de La Cinq et M6 :
Noter le réflecteur passif assurant la liaison hertzienne des quatre premières chaînes
Document retouché à partir du cliché original © Martin Watkins (1986)
Enfin, voici la photographie originale prise par notre ami mw963 au moment du remplacement de l'ancien pylône de 80 mètres, par un nouveau, haut de 138 mètres :
Site T.D.F. de Cherbourg – Digosville, 1986.
Remplacement de l'ancien mât de 1958, haut d'environ 90 mètres
avec son antenne UHF, par un nouveau mât de 138 mètres (à droite)
Document © Martin Watkins (1986)
Cherbourg n'a pas eu seulement un rôle au niveau de la télévision française : lors de l'arrivée très tardive (en 1976) de BBC2 et de la mise en couleur de BBC1 et de ITV Channel Television dans les îles anglo-normandes, les opérateurs britanniques avaient adopté deux politiques différentes. Apparemment ITV (peut-être à cause de son statut commercial) n'avait ni souhaité ni réussi à s'entendre avec la France (alors encore sous monopole) pour assurer une liaison hertzienne via Cherbourg, ce qui avait contraint la chaîne britannique à mettre au point un système compliqué d'antenne (le SABRE, voir ici – pages en anglais) captant l'émetteur UHF de Stockland Hill (Sud-Ouest de l'Angleterre) pour relayer les émissions en couleur nationales du réseau ITV. Par contre, la BBC avait passé un accord avec l'établissement public TéléDiffusion de France, et Cherbourg (très vraisemblablement Digosville, vu la hauteur de son pylône) a servi de d'étape sur le parcours du faisceau hertzien pour relayer BBC1 et BBC2 en couleur PAL entre l'Angleterre et les îles anglo-normandes jusqu'à la mise en service des liaisons satellites dans les années 80.
Par la suite, l'encombrement des fréquences sera (difficilement) mis à plat pour assurer l'arrivée de la TNT en France comme dans les îles anglo-normandes. Celles-ci, d'ailleurs, prises en enclave entre les émetteurs normands et bretons, et susceptibles de subir des interférences de ceux du Sud de l'Angleterre, ne disposent pas de la totalité des très nombreuses chaînes britanniques du bouquet TNT Freeview. Par contre, Digosville, comme partout ailleurs en France, diffusait dès l'automne 2006 toutes les chaînes numériques prévues au plan national.
Le centre émetteur T.D.F. de Digosville en décembre 2004
A gauche les quartiers nord de Cherbourg, et la Manche dans le lointain.
Document ©TDF (2004)
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Document ©TDF(2004)
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Depuis, politique européenne concurrentielle oblige, c'est la société Towercast qui a remporté le marché local et assure la diffusion de toutes les chaînes à partir d'un pylône autostable en treillis métallique érigé en 2015-2016 à La Cacherie, à moins de 200 mètres de celui de TDF qui ne diffuse plus que les cinq radios FM de Radio-France (Inter, Culture, Musique et Bleu Cotentin).
Site Towercast de Cherbourg – Digosville, route de la Cacherie.
Le pylône haut de 118 mètres diffuse désormais tous les multiplex de la TNT
Au Royaume-Uni, pour des raisons techniques, ITV avait été amenée à émettre depuis des sites différents de ceux de la BBC, pour compenser la limite de portée de la bande III par rapport à la bande I de la BBC. Mais par la suite, les deux opérateurs s'étaient entendus pour regrouper à égalité sur un seul site, les émetteurs de toutes les chaînes UHF britanniques.
En France c'est maintenant exactement l'inverse : de plus en plus, comme nous l'avons vu avec Besançon-Lomont et Argenton-sur-Creuse, et comme nous le verrons très bientôt pour l'intercalaire de Mortain (au sud de ce département de la Manche) on se retrouve avec des dédoublements de pylônes sur un même site d'émission, et parfois même plus lorsque des opérateurs de téléphonie mobile décident d'en faire autant, ce qui ne va pas sans créer des remous parmi les populations locales soucieuses de l'esthétique de leur environnement. Mais le fait est là, l'actuelle société TDF qui a pris la suite de l'ancien établissement public Télé Diffusion de France (héritier de la Régie de Diffusion de l'ex-ORTF), se voit de plus en plus abandonnée par ses concurrents locataires qui préfèrent investir dans leurs propres équipements d'émission à l'esthétique, il faut le reconnaître, assez contestable dans les belles campagnes françaises.
b) Le Havre - Harfleur
Comme pour Cherbourg avec l'émetteur du Mont-Pinçon, Le Havre et son agglomération ne pouvaient pas capter correctement l'émetteur des Essarts, notamment à cause de certaines hauteurs dominant les méandres de la vallée de la Seine.
Après deux ans d'attente, la R.T.F. a finalement mis en service le 5 août 1958 sur les hauteurs du quartier de Caucriauville, dépendant alors de Harfleur, à l'est du Havre, un petit "émetteur satellite" de 50 Watts de puissance-crête image avec un pylône haut de 50 mètres, et fonctionnant sur le canal F7-H (vidéo 177,15 MHz – audio 188,30 MHz).
Un émetteur Deuxième Chaîne de 10 kW (soit environ 250 kW de PAR) suivra début 1965 sur le canal 43-H, permettant de compléter la zone de couverture insuffisante en baie de Seine, à la fois de l'émetteur de Rouen sur la rive nord (Le Havre, Sainte-Adresse, Octeville...) et sur la rive sud (Honfleur, Villerville, Trouville) se trouvant en limite de réception de celui du Mont-Pinçon. La puissance de l'émetteur VHF est simultanément portée de 50 à 500 Watts (soit environ 10 kW de P.A.R.) cette même année 1965 :
Le pylône surmonté de sa nouvelle antenne UHF à partir de 1965
Photographie originale © Editions CAP
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La radio en modulation de fréquence devra attendre jusqu'en 1967 avant que trois émetteurs de 250 Watts soient mis en service sur 88,9 MHz pour France-Inter, 93,3 MHz pour France-Culture, et 98,5 MHz en stéréophonie pour France-Musique. Toutefois, la réception des émetteurs du Mont-Pinçon était déjà possible auparavant pour les Havrais s'équipant d'une antenne F.M. extérieure.
A partir de 1971, à la suite d'une recomposition urbaine, l'émetteur ne se situe plus sur le territoire de la commune d'Harfleur, mais de celle du Havre. L'ORTF, puis TéléDiffusion de France, et désormais TDF et le CSA, lui ont néanmoins conservé son appellation d'origine : "Le Havre - Harfleur ".
Peu après Grand-Couronne, la Troisième Chaîne est mise en service par l'ORTF dans le courant du printemps 1974 à Harfleur sur le canal 40-H, suivie en 1976 par TF1 Couleur sur le canal 46-H, à qui la revue professionnelle Antennes de TéléDiffusion de France rendra hommage sur sa page de couverture quelques mois plus tard :
L'émetteur du Havre a bénéficié de la duplication de TF1 Couleur dès 1976
Document © TDF (février 1977)
Au milieu des années 80, Canal Plus émet désormais sur le canal L05-H (vidéo 176 MHz – audio 182,50 MHz) dans l'ancienne bande de fréquences du canal F7 et avec la même polarisation, permettant aux anciennes antennes VHF de capter la nouvelle chaîne. Celle-ci sera suivie par deux émetteurs UHF diffusant La Cinq et M6 respectivement sur les canaux 53-H et 56-H avec 45 kW de P.A.R.
Plus tard, un émetteur de 20 kW de P.A.R. sur le canal 35-H relaiera pour la rive sud, appartenant au Calavados, France 3 avec l'édition régionale " Basse-Normandie " pour pallier l'insuffisance ou l'absence de signal du Mont-Pinçon dans cette zone. Les émetteurs F.M. de Radio-France seront complétés en 1986 par celui de la nouvelle station Radio France Normandie Rouen sur 95,1 MHz avec des décrochages locaux jusqu'en juin 2015, et par une dizaine de stations locales.
Notre ami normand14 apporte aussi la précision suivante : "en 1989, tout comme pour la télévision, un émetteur FM (102.2 Mhz) destiné à la diffusion de Radio-France Normandie Caen fut installé. Cet émetteur diffusait donc FR3 Rouen et FR3 Caen ainsi que RF Normandie Rouen et RF Normandie Caen. Situation inchangée à ce jour."
L'émetteur du Havre sur les hauteurs d'Aplemont, autrefois un quartier de Harfleur
Document © Martin Watkins (1990)
Courant 2001, l'ancien pylône autostable a été remplacé par un modèle de même type, mais légèrement plus grand avec une hauteur totale de 132 mètres. Voici, prise par notre ami Martin, mw963, une photographie publiée sur le site de M. Thierry Vignaud (cliquer ici pour d'autres photos) avant la "déconstruction" de l'ancien pylône :
A gauche, l'ancien pylône construit par l'ORTF.
Noter la plus grande légèreté de structure de son successeur.
Cliquer dans l'image ou ici pour ouvrir la page du site de M. Thierry Vignaud
Document © Martin Watkins (2001) et M. Thierry Vignaud
La TNT est arrivée sur le site de Harfleur dès septembre 2005, permettant la diffusion de toutes les chaînes nationales. Par la suite, la chaîne locale "LCN" (La Chaîne Normande) autorisée en Haute-Normandie par le CSA en 2011 n'a pu jusqu'à présent trouver place au Havre, la dernière fréquence disponible ayant été préemptée par France 3 pour continuer le relais, à destination de la rive gauche de la baie de Seine, de son édition régionale de Caen.
Le centre émetteur T.D.F. de Harfleur en décembre 2004
Document ©TDF (2004)
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Document ©TDF (2004)
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Document © M. X. Boudou et carte-fh.lafibre.info (2017)
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A ce jour, tous les opérateurs exploitant les divers multiplex de la TNT utilisent le site de Harfleur. Contrairement à Digosville, il n'y a pas à ce jour de nouveau pylône construit ou projeté par un concurrent de TDF au Havre.
4) Les intercalaires normands
a) Neufchâtel-en-Bray - Croixdalle
Dans les années 60 et le début des années 70, la couverture de l'émetteur UHF de Rouen Grand-Couronne / Les Essarts était très insuffisante voire inexistante dans le nord et le nord-est du département de la Seine-Maritime, partiellement desservis par ceux d'Abbeville-Limeux et d'Amiens Saint-Just en Chaussée diffusant par ailleurs les émissions régionales d'Amiens.
Un centre intercalaire avec pylône tubulaire de 200 mètres fut donc construit et mis en service en 1976-1977 sur les hauteurs de la forêt de La Verrerie du Hellet, dans le secteur très vallonné de Croixdalle à quelques kilomètres au nord-ouest de Neuchâtel-en-Bray, diffusant Antenne 2 et FR3 Haute-Normandie respectivement sur les canaux 48-H et 54-H avec une puissance crête-image de 4 kW (soit 100 KW de P.A.R. à l'époque). Jusqu'à la mise en service en 1978 de l'émetteur de TF1 Couleur avec cette même puissance sur le canal 51-H, TF1 fut provisoirement difffusé en "hybride" (819 lignes UHF) sur le canal 65-H avec une puissance crête-image de 250 Watts (soit environ 5 kW de P.A.R.). Par la suite, la puissance apparente rayonnée de ce canal 65 fut portée à 10 kW lors de sa réaffectation à la diffusion de Canal Plus au milieu des années 80.
Le centre fut aussi complété peu après par deux émetteurs UHF de même puissance (10 kW P.A.R.) relayant La Cinq et M6 respectivement sur les canaux 34-H et 31-H.
Comme tous les centres intercalaires de même type, Neuchâtel-en-Bray s'est vu aussi attribuer des émetteurs radio FM diffusant France Inter (92,7 MHz), France Culture (96 MHz), France Musique (90,2 MHz) complétés plus tard par celui de Radio-France Haute-Normandie (101,6 MHz) avec une même P.A.R. actuelle de 5 kW, puis par une demi-douzaine de radios privées limitées, elles, à 500 Watts de P.A.R. :
Document © Martin Watkins (2004)
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Neufchâtel-en-Bray est passé à la TNT en octobre 2006 et diffuse, outre les multiplex nationaux, la station locale "LCN" (La Chaîne Normande) basée à Rouen.
Document © Martin Watkins (2004)
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Dans une forêt à 200 mêtres d'altitude, le centre intercalaire de
Neufchâtel-en-Bray - Croixdalle et son pylône de même hauteur
Document ©TDF (2004)
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Document ©TDF (2004)
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b) Alençon - Mont d'Amain
Dans la même situation qu'à Neufchâtel-en-Bray, Alençon et ses environs, encaissés dans les montagnes du Perche, se trouvaient hors de portée confortable des émissions UHF à la fois du puissant émetteur de Mayet, au sud du Mans, et de celui du Mont-Pinçon diffusant par ailleurs les émissions régionales de Caen couvrant l'actualité de l'Orne.
L'ORTF entreprit donc la construction et la mise en service, en 1971, d'un émetteur intercalaire destiné à couvrir correctement ce département depuis les hauteurs des Monts d'Amain, à la fois en radio FM et en télévision UHF. Le choix se porta sur le lieu-dit "Les Champs Gassiers" à 300 mètres d'altitude sur la commune de Brullemail, à 30 km au nord-est d'Alençon :
Vue satellite de l'émetteur intercalaire TDF d'Alencon Mont d'Amain
Document © IGN - Géoportail - Collection Coplan
Comme pour presque tous les émetteurs de cette époque la technologie du mât tubulaire fut retenue avec un pylône de 200 mètres accueillant un émetteur Deuxième Chaîne de 4 kW de puissance crête-image (soit 100 kW de PAR) sur le canal 51-H, et trois émetteurs radio à modulation de fréquence de 2kW diffusant France-Inter sur 93 MHz, France-Culture sur 88 MHz et France-Musique en stéréophonie sur 91 MHz.
L'émetteur d'Alençon Mont d'Amain à ses débuts dans les années 70.
Les antennes FM n'ont pas été encore posées sur le pylône.
Document © Delcampe.net
Le centre, trop éloigné d'Alençon (30 km) n'a pas été retenu pour relayer la station locale France Bleu Normandie (Calvados, Orne) sur 101,6 MHz limitée à 500 Watts de PAR, TDF ayant préféré créer un nouveau site à Valframbert, plus proche de la ville d'Alençon. Il en est de même pour les stations privées, trop limitées elles aussi en PAR, pour lesquelles ce diffuseur exploite un autre site à Saint-Barthélémy, au sud de l'agglomération.
FR3 avec son édition régionale Basse-Normandie fut mise en service vers 1976 sur le canal 54-H, suivie en 1978 par TF1 Couleur, toutes deux avec la même puissance de 4 kW crête-image.
A la fin de l'été 1989, deux émetteurs de 1 kW crête-image complétaient les équipements UHF avec La Cinq sur le canal 42-H et M6 sur le canal 45-H. En raison de la multiplication de ces nouveaux émetteurs initialement non prévus par les accords internationaux, leur puissance apparente rayonnée étaient limitée à 12 kW tandis que celles du "triplet" étaient abaissées à 40 kW de PAR.
En juin 2006, le site est passé au numérique avec la diffusion de toutes les chaînes nationales. Il n'y a aucune chaîne locale sur la TNT dans ce département.
Le centre émetteur lors du passage à la TNT en juin 2006
Document ©TDF (2006)
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Document ©TDF (2006)
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c) Mortain Grand-Fontaine, Mortain Roche-Plate et Mortain Bocage
- TDF Mortain Grand-Fontaine
Encaissé lui aussi dans une petite vallée située à mi-chemin entre les émetteurs du Mont-Pinçon et de Rennes Saint-Pern, à une trentaine de kilomètres à l'est d'Avranches et de la baie du Mont Saint-Michel, le secteur de Mortain reçoit mal ou pas du tout les émissions UHF (et en couleurs) de la Deuxième Chaîne.
Comme pour Neufchâtel-en-Bray et Alençon, Télé Diffusion de France décide donc d'y implanter, au lieu-dit "Grand-Fontaine" en 1975-1976, un petit émetteur dont le mât en treillis métallique haubané se limitera à une hauteur de 100 mètres, soit la moitié de ceux habituellement construits en tubulaire pour les intercalaires à cette époque :
L'émetteur intercalaire TDF de Mortain Grand-Fontaine
Document © Google Street View
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Deux émetteurs UHF de 500 Watts de puissance apparente rayonnée (soit environ 10 kW de PAR) sont mis en service en février 1976 (voir l'intéressant article de la revue Antennes dans le message ci-dessous de kiki37) pour diffuser Antenne 2 sur le canal 52-H et FR3 avec les émissions régionales de Basse-Normandie sur le canal 55-H. Ils seront suivis en septembre 1978 par un autre dupliquant TF1 Couleur sur le canal 55-H.
Dans le milieu des années 80, le site se trouvant à proximité de la ville de Mortain, un petit émetteur de 700 Watts de puissance apparente rayonnée lui était attribué pour diffuser M6 sur le canal 58-H. L'encombrement des fréquences lié à la proximité des îles anglo-normandes et des émetteurs du Mont-Pinçon, de Rennes Saint-Pern et de Laval Mont-Rochard ne laissait plus de place pour un émetteur plus puissant, ni même pour un autre de faible puissance pour La Cinq.
- ITAS-TIM Mortain Roche Plate
Au printemps 2008 ce site TDF passait à la TNT, diffusant l'ensemble des multiplex nationaux jusqu'à 2014-2015, date à laquelle a été mis en service à proximité, de l'autre côté de la route, un pylône ITAS-TIM autostable de taille quasi-identique (106 mètres) diffusant le multiplex R6 sous l'appellation "Mortain - Roche Plate" :
Vue satellite du site "Mortain - Bocage"
En haut, le nouveau pylône autostable ITAS-TIM de Roche-Plate
En bas, le pylône haubané de TDF Grand-Fontaine
Les deux sites sont éloignés de moins de 150 mètres
Document © Google Street View
- Mortain Bocage
Depuis, en 2016, TDF a pris le contrôle de ce concurrent, ce qui a amené l'ARCEP (autorité de contrôle des télécommunications) a considérer désormais TDF et ITAS-TIM comme étant toutes deux l'opérateur historique. Depuis ce rachat d'ailleurs, les deux pylônes continuent de fonctionner simultanément sous l'appellation "Mortain - Bocage". Aucune télévision locale n'est par ailleurs disponible dans ce secteur sur la TNT.
Prochaine étape : la Bretagne
(Rennes - Saint-Pern, Brest - Roc Trédudon, Vannes - Moustoir-Ac)
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